Le magazine féminin des Orléanaises (depuis 2010)

Le clitoris, la fin d’un tabou ?

« Quelle tristesse de voir qu’à notre époque, les doigts effleurent plus de smartphones que de clitoris » lit-on sur le net… Mais pourquoi l’un semble être maîtrisé par tous, sans mode d’emploi, quand l’autre nécessite de se documenter pour en connaître tous les secrets ? Ambre Blanès et Adèle Gallant

Mais qu’est-ce qui rend le clitoris si tabou depuis si longtemps ?

Au 16e siècle déjà, il gêne le modèle anatomique en cours. Les scientifiques se demandent s’il est normal ou pathologique du fait que l’homme n’a pas d’équivalence. Le risque qu’une femme puisse être en mesure d’en pénétrer une autre, inquiète… l’homme qui redoute ce qu’il ne comprend pas. Au contraire, il faut plutôt éviter qu’elles ne découvrent le plaisir qu’elles pourraient tirer du pénis miniature dont elles semblent être dotées. Raison pour laquelle de nombreuses femmes dans le monde subissent encore l’excision, le retrait pur et simple de leur clitoris d’un coup de lame, les privant ainsi de tout plaisir. Ce crime millénaire touche à ce jour près de 200 millions de femmes dans le monde, y compris en France. Heureusement, les recherches médicales de ces 25 dernières années auront été décisives pour la compréhension du clitoris et la science est maintenant capable de réparer ou reconstruire un clitoris excisé.

Grâce au chirurgien français Pierre Foldès, plus de 6 000 femmes ont ainsi pu être opérées. Une croyance, à la fin du 19e siècle, établit qu’un orgasme serait nécessaire pour que la femme tombe enceinte, si bien que le clitoris est honoré lors des rapports sexuels, jusqu’à ce que l’on découvre que l’orgasme n’est finalement pas lié à la procréation. Freud contribuera largement au dénigrement du clitoris en affirmant que la sexualité clitoridienne est un stade intermédiaire du développement de la jeune fille et qu’elle doit, pour devenir une femme, pratiquer une sexualité vaginale dont l’orgasme est authentique et mature.

Ce que l’on ne voit pas n’existe pas ?

Ce n’est qu’en 1970, que William Masters et Virginia Johnson, obstétricien et psychologue, américains, fondateurs de la sexologie contemporaine, démontrent que le clitoris est à la base de tout orgasme. À partir de leurs observations cliniques, sur plus de six cents femmes, ils affirment qu’il n’est plus utile de distinguer l’orgasme vaginal de l’orgasme clitoridien, car la partie interne du clitoris est entièrement liée à ce que l’on considérait jusqu’ici, comme un orgasme vaginal. Malgré tout, aujourd’hui, l’idée (chez l’homme comme chez la femme) que l’orgasme est vaginal persiste. Louisa Lorenz, animatrice du TedX The Clitoral awakening, proclame que c’est un outrage à l’anatomie génitale que d’omettre le clitoris y compris dans la formation médicale, comme si l’on choisissait d’ignorer le cerveau car il n’est pas visible. Il s’impose de plus en plus sur le devant de la scène, le clitoris est reconnu comme le seul organe exclusivement dédié au plaisir. Il devrait donc être considéré comme la clé de voûte de l’anatomie féminine, même s’il a été longtemps ignoré ! Absent des manuels scolaires et autres ouvrages dédiés au corps humain, ce n’est que l’année dernière que les éditions Magnard, intègrent enfin le clitoris, qui figure désormais dans un manuel de SVT. On peut également se féliciter de la démarche d’Odile Fillod, chercheuse indépendante en sociologie et vulgarisation scientifique, qui a conçu un modèle 3D de clitoris à taille réelle, diffusé en open source. On voit fleurir de plus en plus d’ouvrages, d’articles de blog, de discussionset même d’œuvres d’art qui abordent avec sérieux et parfois avec humour la place du clitoris dans notre société. Serait-il devenu un véritable symbole de libération de la femme ?

Vous saurez tout…

1. Le clitoris dont seul le gland émerge est aussi grand qu’un pénis, il est créé à partir des mêmes tissus érectiles et surtout ses bulbes entourent l’entrée du vagin, voilà pourquoi il est à la base de tout orgasme.

2. Et le fameux point G ? Il est en réalité la zone où toutes les parties de l’organe se rejoignent.

3. Au même titre que les autres parties génitales, tous les clitoris sont différents (la longueur de la partie émergée peut varier selon les femmes) et réagissent différemment aux diverses stimulations.

4. « Huit mille terminaisons nerveuses. C’est la plus forte concentration de terminaisons nerveuses qu’on puisse trouver dans tout l’organisme. Plus que le bout des doigts, plus que les lèvres, plus que la langue et deux fois plus, je dis bien deux fois plus que le pénis. Alors, je vous le demande : qui voudrait d’un fusil à un coup quand on a en sa possession une mitraillette ? » Eve Ensler, Les Monologues du vagin, 1996.

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