Installé à proximité du stade des montées, cet Orléanais est l’un des meilleurs spécialistes de la pivoine en France. Le printemps arrivé, il a fait une fleur à edith en lui présentant les siennes…
Les pieds sur terre, et les mains dedans, Alain Tricot est un rustique. La ville, ça « l’agresse », comme il le dit dans son langage… fleuri. « J’ai toujours eu besoin d’être proche de la nature », remet-il en perspective pour expliquer pourquoi, à presque 60 ans, il est encore l’heureux papa de 250 variétés de pivoines et de quelque 100 000 pieds plantés sur son exploitation. Autant de fleurs, ça fait du monde, ça saute aux yeux, mais ça fait toujours moins de bruit qu’une marmaille d’oiseaux piaillant dans une volière… On ne dit pas ça par hasard : dans ses jeunes années, Alain Tricot se voyait en effet ornithologue. La soixantaine approchant, il se demande s’il ne serait pas judicieux de revenir à ses premières amours quand il aura un peu de temps libre, s’il en a un jour. En attendant, on constate que ce chasseur averti caquette sur plein de choses, comme ses passés de scout ou de sous-marinier. « Ce sont des souvenirs exceptionnels, dit-il. Cela apprend l’esprit d’équipe et d’entreprise. Ça vous forme des hommes ! »
« Il faut rester très humble… »
Alain Tricot, c’est aussi le bon sens paysan dans toute sa splendeur. « Parler de moi ? Parlez surtout des pivoines, que ça nous aide un peu ! », prévient-il au début d’un entretien au cours duquel son visage alterne entre plusieurs émotions : tantôt dur et impressionnant, il se décrispe parfois pour dévoiler un large sourire qui nous lui ferait donner le bon Dieu sans confession. Il s’apaise encore davantage quand il s’agit d’évoquer la pivoine, cette « fleur préférée des Français après la rose » qui, à ses yeux, « est l’une des plus belles du printemps, avec un côté un peu mystique et rustique ». Tout comme lui, donc : car même s’il fait pousser de très jolies plantes, symboles de l’élégance à la française, Alain Tricot est d’abord un cultivateur, un vrai, qui se dit « embêté par le temps qu’il a fait depuis novembre 2012. Mais bon, ça, c’est le paysan qui se plaint… ». La pivoine, notre homme s’y est mis en 1985. Et l’a développée, autant par passion que parce qu’il s’est aperçu que cette plante « avait été abandonnée » par nombre de pépiniéristes. Aujourd’hui, il est l’un des cinq experts reconnus de la pivoine en France, cette fleur dont le travail, dit-il, est « une affaire de longue haleine. Ce n’est pas une plante qu’on fait en 6 mois. Mais une fois plantée, elle peut durer des décennies ». Privilégiant « l’authenticité variétale », Alain Tricot a vu son labeur maintes fois reconnu au fi l des ans, comme lorsque 5 000 tiges de sa ‘Scarlett O’Hara’ furent vendues par les « fleuristes du Faubourg Saint- Honoré ». Après plus de 46 ans passés au ras du sol, et non des pâquerettes, Alain Tricot a déjà formé son fi ls, Adrien, aux satisfactions de la terre. Un dingue de rugby, paraîtil. Une touche de « brut » dans un monde de finesse…
Bio express
21/08/1954 : naissance à Blois
Août 1985 : installation de la pépinière Tricot
12 et 13/04/2014 : participera à la Fête des Plantes, au Parc Floral