Le magazine féminin des Orléanaises (depuis 2010)

Alors, t’as joui ?

Si la vie de couple est de plus en plus fondée sur le partage, la réciprocité, la parité orgasmique est sans doute plus difficile à atteindre. Pourquoi les femmes jouissent-elles moins souvent que leur conjoint ?

Prendre son pied, aller au 7e ciel, jouir, atteindre l’orgasme… On a tendance à assimiler plaisir, jouissance et orgasme, pourtant il faut les distinguer. En effet le plaisir est tout en sensualité et correspond souvent aux prémices, la jouissance et l’orgasme sont plus subtiles à différencier. La jouissance est indispensable à l’équilibre de nos vies humaines, comme l’explique le psychanalyste, enseignant et chercheur, Gérard Bonnet, dans son livre Plaisir et Jouissance* : « Plaisir et jouissance sont les deux sources de la vie psychique. Pour Freud, les troubles psychiques résultent d’un manque de plaisir. Ou plus précisément, ils proviennent d’un plaisir sexuel en attente de réalisation. » Tandis que certaines ont la joie de connaître plusieurs orgasmes la même nuit d’autres n’ont jamais connu le grand frisson. Dès lors, on comprend mieux pourquoi il faut libérer la parole. Il existe une journée mondiale de l’orgasme, célébrée le 21 décembre. Deux pacifistes américains sont à l’origine de cette journée particulière, persuadés que grâce à l’orgasme les gens sont plus heureux donc moins violents. Aujourd’hui, cette journée permet d’attirer l’attention des femmes « victimes » de dysorgasmie (l’absence d’orgasme), phénomène qui nous touche beaucoup plus que les hommes, comme l’illustre une étude menée par l’IFOP*, 33 % d’entre nous disent ne pas avoir joui lors que de leur dernier rapport sexuel, contre seulement 6 % pour les hommes. Serions-nous trop compliquées, trop exigeantes ? Sommes-nous nombreuses à ne pas oser exprimer nos frustrations et à préférer la simulation ?

Simuler ou parler ?

Il est rare que l’homme et la femme jouissent à l’unisson, une étude affirme que seuls 22 % des couples sont synchronisés au moment de l’orgasme. D’ailleurs les femmes peuvent avoir plusieurs orgasmes, cela a une explication purement physiologique puisque le clitoris se gorge de sang sous l’excitation sexuelle, qu’il est maintenu dans cet état malgré une jouissance. Mais l’orgasme féminin reste mystérieux, même pour celles qui l’atteignent. S’il n’y a pas d’approche mécanique comme chez les hommes, la stimulation du clitoris pendant la pénétration, avec plus de 8 000 terminaisons nerveuses, est incontournable et ne demande qu’à être sollicité. Il y a des pistes à travailler. D’après plusieurs études, le missionnaire, l’Andromaque et la levrette sont les positions qui mènent le plus souvent à l’orgasme. L’élaboration de scénarios érotiques, des mots sensuels chuchotés à l’oreille et une capacité au lâcher prise peuvent aider à trouver le chemin du grand frisson mais rien de certain chez les femmes, comme l’affirme le sexologue Alain Héril : « La montée orgasmique chez l’homme est mécanique et mène à l’éjaculation, il est relié au cerveau reptilien, tandis que chez la femme, une pensée, un bruit, une image peut la faire revenir à l’état d’avant orgasme et donc l’empêcher de jouir ». Même si elles ne sont pas pour autant insatisfaites, car l’absence d’orgasme ne signifie pas l’absence de plaisir, 31 % des femmes simulent régulièrement un orgasme et 62 % admettent avoir déjà feint d’atteindre l’orgasme dans leur vie. Les simulatrices veulent sans doute faire plaisir à leur partenaire et ne pas le décevoir mais c’est aussi répondre à une pression, comme qu’explique François Kraus* : « Malgré l’exigence croissante de transparence en matière d’émotions intimes, la place décisive accordée à l’orgasme dans la réussite sexuelle du couple freinerait donc la libre parole sur le sujet, en particulier chez les sujets en phase de construction de leur sexualité et/ou en début de relation. En cela, le succès d’espaces de discussions comme le compte Instagram @tasjoui est sans doute le reflet du besoin profond des femmes de pouvoir libérer leur parole sur le sujet. » Avouer que l’on n’a pas joui n’est pas une honte et en parler permettra sans doute de trouver les voies de l’orgasme. Au-delà du langage des corps il faut soigner celui du quotidien, beaucoup de préliminaires se font bien avant de se retrouver dans un lit.

Sources /François Kraus directeur pôle politique et actualités chez Ifop Enquête “#tasjoui ?” : Enquête sur le « Gap orgasm » entre hommes et femmes 2018

Les Femmes et l’orgasme – sondage IFOP pour Cam4 décembre 2014

*« Plaisir et jouissance les deux sources de la vie psychique » de Gérard Bonnet Éditions Dunod

Qu’est-ce que l6’orgasme ? www.doctissimo.fr

Marie-Zélie Cupillard

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