Directrice générale du groupe stéoruellan Demeco, premier déménageur français (90 millions d’€ de chiffre d’affaires et 800 salariés en interne, sans compter les franchisés), Virginie Brunel détonne dans ce monde d’hommes… Sébastien Drouet
Son parcours
Originaire de la Drôme, Virginie Brunel a passé son enfance à Rouen avant de suivre ses parents voyageurs. Bachelière B (économie) à Bogota (Colombie), elle étudie les sciences éco à Paris puis à l’École supérieure de Commerce de Marseille. « J’ai commencé à travailler en audit interne chez Renault, puis Auchan, avant de devenir contrôleuse de gestion chez Attac. Mais avec mon époux, nous souhaitions avoir quatre enfants »… ce qui n’est pas simple dans la grande distribution. « Nous sommes partis à Lyon, où j’ai travaillé dans une coopérative laitière, puis je suis redevenue contrôleuse de gestion à Valence, dans le prêt-à-porter. » Là-bas, le 4e enfant est venu au monde tandis que Virginie a fait son entrée, en 2005, dans un nouveau monde : directrice administrative et financière chez les Gentlemen du Déménagement, elle a été choisie par le directeur général pour lui succéder. Après quelques années, elle est partie pour Angers œuvrer dans un autre domaine, avant d’être recrutée par Patrick Bornhauser, PDG du groupe Demeco, pour prendre en main la direction générale, fonction qu’elle occupe depuis le 2 mai 2011.
Un monde masculin
Cela n’étonnera personne, le déménagement est un univers d’hommes. Pour autant, les femmes n’en sont pas exclues, que ce soit dans les métiers administratifs et commerciaux exercés au sein du groupe, ou encore en tant que directrices d’agences (elles sont 5 sur 40), ou bien en tant que… déménageuses. « Nous en avons quelques-unes, mais j’aimerais qu’il y en ait davantage, elles sont plus précautionneuses. Cela dit, c’est compliqué, il y a de la route à faire, des nuits à passer parfois… »
L’intérêt du métier
C’est un milieu viril, abrupt, « mais ce sont des gens directs, francs et respectueux », assure Virginie qui, en tant que manageuse, est directement connectée au terrain et reste proche de ses équipes. « Je suis à leur écoute, des choses remontent de leur part lors des réunions », souligne celle qui regrette la mauvaise image que les gens ont du métier, certes physique, mais qui demande avant tout une vraie technicité, le sens du contact avec les clients : « On transporte des choses qui ont une grande valeur pour eux ». Un métier plus que jamais nécessaire, qu’il s’agisse de déménager des entreprises avec des lignes de production complètes ou des particuliers. « À 40 ans, on n’a plus de copains pour aider à déménager », sourit Virginie.
Être une femme ? Un atout
Virginie n’a pas rencontré de difficulté particulière pour s’imposer, ce qui ne l’empêche pas, depuis un an, de suivre une formation en coaching, histoire d’ajouter une corde à son arc. « Il peut m’arriver de rencontrer des nœuds, des tensions. Mais quand on a mis en place une organisation qui fonctionne bien, on se fait plaisir. C’est une force d’être une femme, ça marche très bien car mon métier, c’est avant tout la gestion de l’humain », dit celle qui a l’habitude de tout organiser, dans l’entreprise comme à la maison : « Les enfants sont grands maintenant (20, 19, 17 et 13 ans), mais auparavant, on avait une fille au pair. La semaine, je travaille tard, mais le week-end, je suis avec eux. » Ajoutons que son époux est lui aussi très occupé puisqu’après avoir repris des études qui l’ont conduit vers le métier de CPE, il est aujourd’hui directeur du collège et de l’école
Saint-Joseph, à Saint-Benoît-sur-Loire.