Il y a neuf ans, victime du syndrome de Guillain Barré, Claude Pinault devenait tétraplégique. Il fait désormais souffler un grand vent de bonheur, qu’il distille dans un ouvrage co-écrit avec la psychologue Marie de Hannezel.
Personne d’autre que lui ne peut imaginer ce que fut son calvaire. Ce syndrome qui le cloua au lit et le paralysa en moins de deux jours. La chute, inqualifiable et violente. Et ce sentiment d’enfermement, d’être prisonnier de son propre corps. En un an, Claude Pinault a tout connu : la maladie, horrible et ingrate, puis la rémission, belle à s’en faire éclater le cœur. Un « marathon mental », qu’il a pu achever au prix d’un « voyage immobile » qui l’a maintenu en vie et l’a extrait d’une réalité implacable. Des ondes positives qu’il s’est propagées dans tout le corps, un mélange « d’auto-hypnose, de visualisation et de mentalisation ». En ne renonçant jamais à l’idée de remarcher, une fois que tout cela serait fini, sur une « plage de Costa Brava ».
Trois ans après le Syndrome du Bocal, joli succès populaire et critique qui a failli être adapté au cinéma – mais Intouchables avait déjà été lancé –, Claude Pinault a décrypté cette expérience dans un livre co-écrit avec la psychologue Marie de Hannezel. Pour montrer comment cette guérison avait été possible.
« Je suis allé au-delà de la douleur »
Aujourd’hui, il marche de nouveau, supportant cependant des séquelles et des douleurs qu’il évite d’écouter pour profiter du moment présent. « Je suis devenu une éponge à bonheur, dit-il. Avant, j’étais pressé, je traçais la vie. Maintenant, je cultive le ralentissement. » Avec son faux air d’André Dussolier et son sourire extatique, il donnerait presque envie de pleurer de joie. Quand lui-même replonge dans cette expérience, ses yeux se mouillent parfois, imperceptiblement. Lorsqu’il raconte à quel point son témoignage a pu aider des gens en souffrance, son regard scintille encore d’émotions. Claude Pinault est toujours sur le fil du rasoir, « fatigable mais jamais fatigué », revenu de nulle part mais heureux, aussi, d’avoir pu en découdre avec la maladie, et de l’avoir vaincue. Aujourd’hui, il veut montrer que « derrière un handicapé, il y a un être humain ». Il n’est pourtant le porte-parole d’aucune cause, ne veut être le fanion d’aucune lutte. Parce qu’il se sent « métis, toujours handicapé, mais redevenu valide ». Si vous le croisez un jour dans la rue, la démarche chaloupée mais la tête haute, ne lui demandez pas par quel miracle il s’en est sorti. Car il n’y a pas de miracle dans cette histoire, seulement une envie, inouïe et inexpugnable, de revenir à la surface. « Tout le monde a cette force en lui », confie-t-il. Ayons la faiblesse de le croire.
Bio express
19/11/1950 : naissance à Orléans
11/11/2005 : entre en réanimation, victime du syndrome de Guillain Barré
2009 : publie le Syndrome du Bocal
2014 : sort J’ai choisi de me battre, j’ai choisi de guérir, aux éditions Robert Laffont