« Rien n’est plus beau que les mains d’une femme dans la farine » chante Nougaro. Et dans le cambouis, le plâtre, la peinture ? Au rayon bricolage, vous ne vous contentez plus, mesdames, d’accompagner votre mari : vous êtes devenues des décideuses.
Il est les bras, je suis la tête ». Lorsqu’elle parle du bricolage avec son mari, Brigitte, une Balgentienne de 52 ans, n’y va pas par quatre chemins. La dernière fois qu’elle a envoyé son mari acheter un rouleau pour peindre les murs en parpaings du garage, il n’est pas revenu avec l’outil adéquat. Ils ont dû y retourner ensemble pour que Brigitte, après avoir interrogé elle-même un vendeur, trouve le rouleau adapté. Mieux : pour être certaine que le placard qu’ils ont prévu d’installer dans le garage soit correctement monté, Brigitte s’est inscrite à un stage ad hoc chez Castorama, à Olivet : « On le montera ensemble, explique-t-elle, je n’ai pas la force de percer le béton, mais je veux connaître la technique pour lui dire comment faire ». Ou comment mettre les mains à la pâte sans se les abîmer… Et « sans se prendre la tête », aussi : « Bricoler est un moment de convivialité dans le couple » assure Brigitte.
Les gros bras de madame
La grande chaine de bricolage a bien compris l’intérêt qu’il y avait à être attentif aux besoins des femmes. Une enquête réalisée par Castorama, en 2006*, révélait déjà que neuf sur dix bricolent et qu’un tiers d’entre elles réalisent de gros travaux. La tendance, depuis, n’a fait que s’accentuer. Avec, révèle aussi l’enquête, une attention particulière accordée par vous mesdames, à tout ce qui concerne l’ergonomie des produits, leur écoqualité, leur niveau de confort, leur poids et leur prix, bien sûr. Mathieu Royer, chef de secteur « bois bâti » du magasin olivetain le confirme : dans un stage consacré à la pause de radiateurs, vous, mesdames, vous intéresserez plus au confort du produit quand monsieur voudra davantage savoir quel type de cheville est nécessaire. Le récent catalogue publicitaire « spécial confort », intitulé « bien chez vous vous, bien au chaud », est d’ailleurs illustré par une femme, gardienne du cocon familial, quand l’homme est relégué en dernière page à poser de l’isolation sous une charpente.
Marché sous influence
Une femme encore, sur le dépliant de promotion de la carte Castorama. Car vous êtes, à l’instar de Brigitte, de plus en plus présentes, seules ou aux cotés de votre mari, dans les allées des magasins de bricolage. Pas pour pousser le chariot ou tenir les enfants : vous jouez un rôle essentiel dans le choix des produits. « Pour les volets solaires, se souvient Mathieu Royer, mes premières clientes étaient des femmes ». Au point que, plutôt que de créer une ligne de produits spécifiques (une expérience tentée il y a quelques années n’a pas été poursuivie), Castorama adapte petit à petit sa gamme aux besoins et attentes des bricoleuses, en faisant ainsi bénéficier l’ensemble de sa clientèle. Pinceaux ergonomiques, carrelage clipsable, ouate isolante réalisée à partir de plastique recyclé, peinture universelle naturelle, raccords de plomberie sans soudure ou encore escalier Alterna à monter seul en une journée sont autant de produits arrivés dans les rayons sous l’influence des femmes. Ainsi, en jouant un rôle essentiel dans l’achat et l’activité de bricolage, vous avez fini par orienter le marché lui-même, de manière profonde.
*Les femmes et le bricolage. Baromètre Ifop Castorama 2006