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BRISER LE SILENCE : LE DIOCÈSE EN POINTE

SUITE AUX AFFAIRES QUI ONT ÉBRANLÉ LE DIOCÈSE DE LYON, LE CONSEIL DES ÉVÊQUES DE FRANCE CEF A DÉCIDÉ DE PRENDRE DES MESURES, À COMMENCER PAR COLLABORER AVEC LA JUSTICE ET ENTENDRE LES VICTIMES DE PRÊTRES PÉDOPHILES. À ORLÉANS, UNE CELLULE D’ÉCOUTE EXISTE DEPUIS DÉJÀ UN AN ET DEMI. DANS CE DOMAINE, LE DIOCÈSE EST PRÉCURSEUR…

La récente révélation des actes de pédophilie commis il y a plusieurs années par un prêtre lyonnais et du silence de sa hiérarchie soupçonnée d’en avoir eu connaissance, a mis en lumière la question des abus sexuels commis par des hommes d’église. En réaction, le Conseil des évêques de France (CEF) a annoncé, le 12 avril, de nouvelles mesures, la première d’entre elles étant d’accueillir et d’écouter les victimes. Or, le diocèse d’Orléans n’a pas attendu la divulgation de ces scandales pour créer une cellule d’aide : en effet, le dispositif « Écoute des blessures » a été mis en place il y a un an et demi, à l’initiative de l’évêque en personne, monseigneur Blaquart, qui rencontrait des victimes de prêtres – pas forcément de la région – depuis plusieurs années déjà. « Il comprend ce que les gens endurent, jusqu’à très longtemps après les actes, explique Jean-Pierre Evelin, chargé de la communication du diocèse d’Orléans. Ces gens souffrent d’une double- blessure, celle commise par un prêtre, qui a une autorité morale et spirituelle, et celle provoquée par le poids du silence. » Mgr Blaquart, poussé par les victimes mais lui-même dans l’incapacité d’apporter seul des réponses, a alors décidé de mettre sur pied une équipe bénévole composée d’un psychothérapeute, d’une infirmière, de deux laïcs habitués à l’accompagnement spirituel, d’un prêtre et d’un diacre, tous placés sous la supervision d’un psychanalyste.

UNE PREMIÈRE ÉTAPE

Concrètement, quand une personne contacte la cellule par message (il n’y a pas de local), un membre d’« Écoute des blessures » propose un rendez-vous en face-à-face dans un lieu neutre, autre qu’une église, et, après en avoir parlé avec l’équipe, guide la victime vers ce qui lui sera le plus bénéfique (aide psychologique, juridique, spirituelle…). Il faut en fait considérer « Écoute des blessures » comme une première étape, capitale lorsque l’on décide de briser le mur du silence et que l’on veut être écouté par les plus hautes instances du clergé. Même si les faits, jusqu’ici, sont anciens, ou concernent des prêtres décédés, ou bien se sont déroulés en-dehors du diocèse*. « Jusqu’en février, il y a eu quatre contacts, ajoute Jean-Pierre Evelin, de la part de gens du Loiret pour des faits commis ailleurs. Après l’affaire de Lyon, qui est tombée par hasard au moment où Mgr Blaquart avait décidé de communiquer davantage sur la cellule d’aide, il y a eu douze contacts de plus, dont huit de personnes extérieures au Loiret. » Car la cellule répond à toutes les demandes, l’initiative n’existant pas ailleurs, du moins pas encore. Grâce à « Écoute des blessures », les crimes sexuels commis par des prêtres ne resteront pas impunis. Ou, s’il est trop tard pour que justice soit rendue, au moins ces actes gravissimes ne seront-ils pas gardés, enfouis en elles, par les seules victimes…

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