4 cheffes d’entreprise nous expliquent comment elles s’adaptent à la situation économique.
Virginie Siriex-Guillard,
Arthur Loyd
Activité : Virginie dirige une équipe de 5 femmes et 1 homme. Leur métier : consultant en immobilier d’entreprise et commercial sur la Métropole et le Loiret. Ils trouvent pour leurs clients (grands comptes, institutionnels, investisseurs, PME/PMI, associations, professions libérales, commerçants, etc.) les locaux adaptés pour leur activité professionnelle.
Problématique : « Nous ne pouvions plus exercer notre métier pour différentes raisons, explique Virginie : l’impossibilité d’estimer et de visiter des locaux et des bâtiments, l’arrêt total de l’activité économique, l’arrêt des signatures chez les notaires malgré le maintien pour certains du suivi des dossiers, l’absence d’appel sur de nouvelles recherches… »
Solutions : Dans un premier temps, télétravail pour tous avec maintien de l’activité. Et chaque matin, un café virtuel en visio. Les dossiers ont avancé, mais… « nous avons été rattrapés par l’absence d’activité économique. Nous avons mis en place le chômage partiel à compter du 1er avril quasiment pour tout le monde avec 30 % d’activité. La visio est restée notre lien en permanence. Nous avons toujours été tous en contact et je me suis efforcée de communiquer sur les décisions à prendre, sollicitant chacun pour les éventuelles attentes ou observations. Ce n’est vraiment pas facile pour un chef d’entreprise de prendre les décisions dans un contexte inédit, sans aucune visibilité. » L’activité devait reprendre le 11 mai avec maintien du télétravail pendant encore deux semaines, et mise en place d’un dispositif adapté pour assurer les visites de locaux.
À la maison : « J’ai de la chance d’avoir de grands enfants (22 et 24 ans) autonomes qui sont venus se confiner à Orléans. Notre famille s’est organisée entre les courses, les repas, les séances sportives, les moments de détente et d’échanges. »
Et après ? « La vie continuera autrement, mais elle continuera et notre force sera toujours notre capacité à nous adapter et à rebondir. »
Clémence Deback,
Esprit Mécénat
Activité : Clémence aide les associations à trouver leurs premiers mécènes, ou les entreprises à mettre en place leurs actions de mécénat. Les collectivités sont aussi au nombre de ses clients.
Problématique : Bien sûr, Clémence se heurte au coup d’arrêt que subissent les entreprises. Pour autant, la crise révèle le potentiel de générosité des entreprises. « On apprend tous les jours que telle ou telle entreprise a fait un don, a fourni des masques. Cela a débloqué des verrous. » Mais l’action est orientée vers la santé, la précarité, la solidarité. « C’est génial, mais certains pans, comme la culture, l’éducation, sont un peu laissés pour compte pour l’instant. C’est logique, et je suis optimiste sur l’après-crise qui permettra un élargissement de cette solidarité. »
Solutions : Généralement, Clémence travaille en espace de coworking. Le télétravail fait donc partie de son quotidien, mais c’est chez elle qu’elle exerce en ce moment. Elle reste en lien avec les porteurs de projet et les entreprises, et prépare déjà la suite.
À la maison : L’appartement a été réaménagé en espaces, de travail pour elle et son mari (qui télétravaille aussi), et pour les enfants. Les époux se sont organisésen demi-journées. Chacun travaille une demi-journée et consacre l’autre aux deux enfants (4 et 7 ans)… et inversement.
Et après ? Clémence nous croit capables de rebondir et de nous réinventer. De son côté, elle promet que « l’élan de solidarité qui s’est révélé au cours de ces derniers mois ne sera pas vain, et Esprit Mécénat sera au rendez-vous avec de nouvelles propositions pour prolonger, développer et renforcer la générosité des entreprises. »
Isabelle de Bussac,
ADB welcome/Jobpack
Activité : Isabelle a créé un outil pour aider les entreprises à recruter en convainquant les profils recherchés de venir vivre en région. Il s’agit d’accueillir et d’aider les arrivants pour qu’ils soient sereins au moment de leur prise de poste. Par ailleurs, par l’intermédiaire de l’Association Progrès du Management (APM), Isabelle accompagne 25 chefs d’entreprise dans leur formation à certains sujets.
Problématique : « Le coronavirus a créé un net arrêt au stand. » Les entreprises ont dû faire face à l’arrêt de leur activité et recourir au chômage partiel. Les recrutements ont été gelés. Difficile de joindre les RH, mais le volet « suivi des arrivants » a repris doucement pour Jobpack.
Solutions : « J’ai remarqué que dans cette crise, les chefs d’entreprise sont restés très proches de leurs collaborateurs et ont mesuré l’engagement de ceux-ci dans l’entreprise. » Isabelle a donc créé, spécialement, le pack « Merci », destiné aux entreprises pour remercier leurs salariés. « Un truc gourmand, sympa. » L’opération a été menée plus loin, avec l’initiative « Merci Solidaire », le « Merci » aux collaborateurs étant doublé d’un « Merci » aux soignants. Par ailleurs, Isabelle s’est formée en un éclair aux outils de visio pour mener des réunions avec les chefs d’entreprise dans le cadre de son travail avec APM.
À la maison : Retour au domicile pour Isabelle qui travaille d’habitude au Lab’O. Les trois enfants sont là (17, 14 et 12 ans), « mais je leur ai toujours appris l’autonomie, et ils gèrent donc leur rythme ».
Et après ? Isabelle est optimiste car la satisfaction de ses clients est au top « et je n’ai qu’un seul dossier reporté à 2021… Alors certes un peu de décalage en raison d’un temps de prise de décision plus long, mais du moment que ça avance ! »
Cécile Solibieda,
commissaire-priseur
Activité : Cécile est associée gérante à l’hôtel des ventes Orléans Madeleine, la partie émergée de l’iceberg, l’activité étant plus vaste que la vente aux enchères, puisqu’elle regroupe aussi les inventaires dans le cadre de successions ou de procédures collectives.
Problématique : L’hôtel des ventes est fermé depuis le 17 mars. Les salariés ont été placés en chômage partiel. Les inventaires ont été annulés ou repoussés. Certaines ventes pourraient se faire sur Internet, dans l’absolu. « Mails il faudrait que l’on prévienne tous nos vendeurs, qu’ils soient d’accord. Si certains ne le sont pas, cela rendrait les ventes bancales. De plus, nos instances nous ont prévenus que les envois de colis et de marchandises sont interdits durant cette période. Il pourrait y avoir des ventes, mais le paiement s’effectuerait à réception de la marchandise. Or, si on n’entre pas dans les délais, il faut entamer de nouvelles procédures de revente aux enchères. »
Solutions : Cécile met à jour ses dossiers et prépare la rentrée, notamment les futures ventes. Pour suivre l’actualité du métier, le groupe Facebook auquel elle appartient est bien pratique. Le jour de notre interview, il était envisageable de rouvrir les études le 11 mai et d’organiser les ventes à distance (via Internet, impossibilité d’accueillir du public dans la salle oblige), ou à l’extérieur, avec présentation préalable à des petits groupes sous condition de distanciation, fourniture de masques, de gel, etc. Le retour à la normale sera de toute façon très progressif.
À la maison : Son mari est très occupé par le (télé)travail. Cécile, qui a un peu plus de temps en ce moment, s’occupe de leur petite fille de 2 ans ½ quand celle-ci ne va pas chez l’assistante maternelle.
Et après ? « L’avenir sera plein de challenges ! »
sébastien drouet