À 31 ans, Me Cécile Solibieda n’est pas que la benjamine des commissaires-priseurs du Loiret. Elle est aussi la seule femme. Installée à Orléans depuis février dernier, elle officie à l’Hôtel des ventes Madeleine. La partie visible d’un métier « de rencontres, où les gens nous font confiance ». Sébastien Douet
Son parcours
Originaire du Nord-Pas-de-Calais, maître Solibieda a obtenu une licence de droit, puis une licence d’histoire de l’art à Paris (École du Louvre), deux conditions pour passer le très sélectif concours de commissaire-priseur (environ 10 % de succès), ce qu’elle a fait en 2013. Après deux ans de formation, dont une bonne partie sur le terrain, à Béthune, elle a quitté le Pas-de-Calais – pas le meilleur endroit pour exercer ce métier –, pour le Cher, où elle a été salariée pendant deux ans, avant d’arriver à Orléans pour succéder à maître Binoche, bien connu sur la place. Depuis février, c’est elle qui tient le marteau, en association avec maître
De Maredsous.
Le déclic
On peut parler de vocation. « J’ai toujours voulu faire cela, nous dit Cécile, depuis le lycée. J’ai toujours été intéressée par l’histoire de l’art, mais je ne me voyais pas travailler dans un musée ni écrire des articles. » Malgré une solide formation, comme nous l’avons vu plus haut, elle continue d’apprendre au contact des clients, qui viennent avec des biens qu’il s’agit d’expertiser, et dont il faut annoncer la vente dans la presse, dans le catalogue édité à chaque séance (trois à quatre par mois pour les objets d’art)…
Les difficultés
Elles sont liées à la révolution annoncée dans le métier : dans quatre ans, en vertu de la Loi Macron de modernisation économique, on ne dira plus « commissaire-priseur », mais « commissaire de justice », la profession devant fusionner avec celle d’huissier. La partie « vente volontaire » – quand les gens font expertiser leurs objets pour les mettre aux enchères – ne changera pas, mais ce que va devenir la partie judiciaire – les commissaires-priseurs, qui sont aussi officiers ministériels, interviennent lors de liquidations d’entreprises – est inconnu des principaux concernés.
Les aides
Nous ne nous étendrons pas sur le sujet… Cécile est une self-made-woman intégrale. « Je me suis débrouillée toute seule. J’ai demandé de l’aide à plusieurs institutions avant mon installation, mais je n’ai rien eu du tout. » Heureusement, une fois dans les murs – qui avec son arrivée ont subi une cure de rajeunissement –, elle a pu compter sur le soutien de son associé.
Hôtel des ventes Orléans-Madeleine, 64 rue du Faubourg Madeleine – www.interencheres.com/45002 – 02 38 22 84 34
Une vente exceptionnelle de bijoux (notamment un collier serti d’émeraudes et de diamants) aura lieu le 13 octobre à 14h15
à cette adresse.
LES +
– L’indépendance ! « On bosse pour soi. Si je veux faire une vente, je la fais. Je n’ai pas de comptes à rendre, sinon aux vendeurs. »
– Une parfaite imbrication vie professionnelle/vie privée pour cette maman d’une petite fille d’un an.
LES –
– Le stress, inhérent à tout chef d’une entreprise qui compte des salariés (trois et demi en l’occurrence). Les objets seront-ils de qualité ? Seront-ils bien vendus ? Autant de questions que se posent les commissaires-priseurs, payés au pourcentage des ventes réalisées.