Valérie est peintre en bâtiment ! Un grand saut pour cette quadra qui a choisi de quitter la banque pour faire des chantiers hauts en couleur. Témoignage d’une orléanaise qui a changé de vie.
Peintre en bâtiment ? Ce n’est pas très féminin, diront certains. D’ailleurs, il n’y a pas moyen de féminiser le titre, hormis en accolant « une » devant peintre… Mais c’est aussi le mot « bâtiment » qui fait brut. Pourtant, Valérie le concède, si, pour son nouveau métier, « il faut mieux être une nana un peu costaud qu’un frêle petit oiseau », elle n’a rien perdu de sa féminité, ni dans son rôle d’épouse, ni dans celui de maman…
C’est après une carrière de 15 ans au Crédit Agricole, au service ressources humaines, puis à la direction d’une petite agence, que Valérie s’est lancée : « Pour moi, 40 ans, ce n’était pas une crise mais l’occasion de réfléchir à mes priorités et à ce que je voulais pour les vingt prochaines années. » Elle passe un CAP d’artisan peintre dans le cadre d’un CIF (congé individuel de formation) et obtient son diplôme en janvier dernier.
« Il y a beaucoup de facilité en France, je ne suis pas partie dans un projet utopique, je l’ai construit. » Valérie allie deux facettes, avec d’un côté son showroom installé dans sa maison à Chécy, ouvert le mercredi et le samedi, où elle propose une large palette de peintures « écolo », mais aussi des tissus qu’on ne trouve pas ailleurs et des objets chinés. Un univers atypique, à son image, qui correspond à son goût et à une éthique éco-responsable. Les autres jours, Valérie est sur les chantiers.
Changer de vie
Face à ce changement, les réactions se succèdent et ne se ressemblent pas : au sein de la banque, ses collègues sont partagés. Certains sont contents pour elle, d’autres la trouvent inconsciente. Côté famille, ses parents ne l’ont pas trouvée raisonnable, mais son mari, qui occupe un poste de manager dans la banque, l’a soutenue : « Je ne m’attendais pas à sa réaction. J’ai plein d’idées, mais il est le seul à savoir laquelle est la bonne*… Aujourd’hui, je crois qu’il est fier de moi. » Pour l’anecdote, son fils de onze ans refuse qu’elle le dépose devant l’école, à cause du camion…
Cela n’empêche pas Valérie d’être enthousiaste chaque matin quand elle part travailler : « Avant, je faisais partie d’un champ d’applications dont j’avais perdu le sens ; aujourd’hui je maîtrise les choses du début à la fin, j’ai récupéré mes neurones, j’ai le temps de penser à me poser. » Finie la vie de bureau ! Valérie en est très satisfaite, même si elle ne regrette pas son expérience au Crédit Agricole.
Sur les chantiers, ce sont des hommes qui travaillent : électriciens, plombiers… Cela se passe bien, car ils sont respectueux de son travail et il n’y a pas de propos déplacés : « C’est vrai, j’ai fait un bon sur le côté, j’ai perdu un statut social. Aujourd’hui je suis artisan, j’ai perdu en sécurité et en salaire en créant ma boîte, mais j’ai gagné ma liberté psychologique. Après une journée de travail, je n’ai plus aucun stress mais une saine fatigue. » Son objectif ? Assurer dix ans de chantiers avant d’embaucher et de déléguer sur le terrain, afin de se consacrer à son showroom et à la gestion de son entreprise.
Finalement, « changer de vie », n’est-ce pas tout simplement décider d’être soi-même et d’aller vers ce que l’on aime, ce qui nous convient, comme Valérie et tant d’autres ?…
* Ce que Jacques Attali disait à propos de François Mitterrand.
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