Ce leader naturel a redressé depuis trois ans le destin du Rugby Club Orléans. Rencontre avec un homme de valeurs.
Alors que de l’autre côté de la Manche, les meilleures équipes de la planète se disputent en ce moment le titre de championne de monde, à Orléans, c’est un autre rugby qu’on s’échine à faire « Grandir ensemble » du côté du stade Marcel-Garcin, le fief du RCO. Le club a en effet présenté au printemps dernier un projet où il est envisagé de jouer collectif, en fédérant les énergies. En trois ans, déjà, le Rugby Club Orléans a été remis d’aplomb après une période grise, pour ne pas dire noire, où les divisions et les luttes de pouvoir l’avaient poussé au bord du précipice. L’homme aux manettes de ce renouveau, c’est Christian Lavezard. En 2012, ce Berrichon a repris les rênes de la présidence pour y remettre de l’ordre. « J’avais envie d’entreprendre quelque chose d’un peu vaste en termes de management, rappelle-t-il. Cela correspondait en outre à une période de ma vie professionnelle où je me retrouvais orphelin d’une activité d’encadrement. » Depuis 1990 chez le même employeur (John Deere), ce meneur d’hommes dit avoir appliqué au Rugby Club Orléans les mêmes méthodes de travail en équipe qu’il avait apprises chez le fabricant américain de machines agricoles. « J’aime le partage, dit-il. Et le rugby, c’est ça : sur un terrain, tout seul, tu n’es rien ». Avec Franck Cohen notamment, homme à tout (bien) faire du RCO, Christian Lavezard a donc remis le bateau à flot au prix de quelques nuits blanches… « La première année, je n’en voyais pas le bout », explique celui qui refusa alors une promotion professionnelle pour s’occuper de son club. « Mais aujourd’hui, je suis ”open” », se marre-t-il, maintenant que le RCO est sur de bons rails, sportivement, économiquement et humainement. L’équipe première a bien démarré son championnat de Fédérale 2 (la quatrième division nationale), le club se structure (une nouvelle salle de musculation) et veut faire évoluer son image (un nouveau logo) pour renforcer sa place dans le magma sportif orléanais. « Nous sommes sur un territoire où il y a une vraie dynamique sportive, sans vraiment de club phare, mais où tout le monde a sa chance », résume Christian Lavezard, voix douce et posée, et chemise siglée John Deere, un détail vestimentaire qui témoigne de son attachement à la notion de groupe. « Il est normal de défendre ce pour quoi on transpire », répond il finalement, dans une métaphore on ne peut plus rugbystique…
Bio express
21/01/1966 : naissance à Issoudun (Indre)
1990 : entre chez John Deere
2012 : prend la présidence du Rugby Club Orléans
Côté cœur…
« Je suis marié depuis 18 ans avec une Auvergnate, qui m’apaise et me remonte le moral quand je ne l’ai pas. C’est un peu mon soleil… J’ai eu avec elle deux enfants, qui sont ma plus grande fierté, tout comme je suis fier de la réussite de mon couple. »
Un exemple ?
« Thierry Dusautoir, le capitaine de l’équipe de France. Il allie longévité, charisme et exemplarité. Il ne parle pas beaucoup, comme moi quand je ne connais pas… J’écoute plus que je ne parle. »
Souvenirs de 3e (mi-temps)
« J’ai joué sur les coups de 30 ans au Clermont Université Club, un vrai club de chanteurs. Nous passions les retours de match à chanter dans le car… C’était tout bonnement exceptionnel. »
Le goût des autres
« J’aime beaucoup discuter avec les aînés. Peut-être parce que mon père, paysan berrichon, est parti assez jeune. D’un autre côté, j’adore la compagnie des jeunes : je me dis parfois que j’aimerais être à leur place… »
Des bienfaits du rugby…
« Les mamans ne doivent pas avoir peur de mettre leurs enfants au rugby ! Ils sont équipés de combinaisons en caoutchouc et ne se font pas mal. Et puis, sur un terrain, les turbulents se mettent au diapason de l’équipe, tandis que les introvertis s’ouvrent et éclosent… »