Le magazine féminin des Orléanaises (depuis 2010)

Comment parler sexualité à ses enfants ?

Sujet sensible, il peut faire être l’objet de lourds tabous, ou, à l’inverse, d’échanges un peu trop explicites. Comment trouver un juste milieu pour aborder le sujet ?

Entretien avec Sylvie Mothiron, psychologue clinicienne et psychanalyste. 

« Il n’y a pas de mode d’emploi, car chaque enfant est différent. Si un enfant perçoit que ses parents sont ouverts à la question de la sexualité, que cela ne crée ni inquiétudes ni angoisses chez eux, les choses peuvent se faire assez naturellement, » souligne la psychologue.

 

Les parents doivent-ils provoquer la discussion ?

Il ne faut pas forcer les choses, et surtout ne pas amener de détails que l’enfant n’aurait pas envie d’entendre, ou qu’il ne serait pas prêt à recevoir. L’important est d’être à son écoute. Lorsque l’on est face à un ado qui ne souhaite pas aborder le sujet, il faut respecter ce « non désir », peut-être saisir d’autres occasions qui ne manquent pas (films, spots publicitaires…), et profiter de ces situations pour faire des commentaires indirects, pour solliciter le débat et l’avis de son enfant, et surtout lui faire sentir que ses parents sont ouverts à la question.

 

Enfants ou préados, ce n’est pas la même approche ?

À l’adolescence, et même avec les plus jeunes enfants, les parents peuvent avoir un rôle à la fois « éducatif » et de « transmission ». J’entends par « éducatif » ce qui, par exemple, est de l’ordre des modifications corporelles liées à la puberté ou de la prévention des risques liés à la sexualité (MST, SIDA, modalités de contraceptions). Pour ce qui est de la « transmission », il s’agit de prendre en compte les domaines qui bordent la sexualité, d’amener l’adolescent comme le jeune enfant sur des questions plus abstraites pour lui, comme l’éprouvé de ses sentiments, ce qui l’attire chez l’autre, comment se manifeste son désir, qu’est-ce que c’est que d’être amoureux… La dimension de la sexualité est aussi une « affaire d’amour », où les parents peuvent livrer quelques anecdotes de leur propre rencontre amoureuse. Avec le petit enfant, les préoccupations sont autres, centrées sur la découverte de son corps et les sensations nouvelles que ce dernier peut lui procurer. Les questions peuvent tourner autour de la différence des sexes, d’où viennent les bébés, comment on les fait… Il est également possible que les jeunes enfants aient recours à la masturbation pour explorer leur corps et découvrir ainsi le plaisir. Il n’y a rien de grave là-dedans, il ne faut surtout pas les culpabiliser ! Les parents peuvent ainsi répondre à leur enfant avec des mots simples et accessibles par eux, en évitant un trop plein de détails. Pour résumer, si l’enfant s’est senti à l’aise dans ce dialogue avec les parents, il y reviendra plus facilement de lui-même.

 

Certains parents ont tendance à rappeler tous les dangers liés à la sexualité…

Il faut être attentif : un trop-plein « d’éducatif » tuerait la dimension de la sexualité, qui croise aussi celle de l’affect. Il faut donc, tout en abordant la question de la sexualité, savoir parler « d’amour » à nos enfants.

 

Comment les parents peuvent-ils prévenir leur enfant des risques liés à la pratique de leur sexualité ? 

Je sais que certains parents laissent à disposition des préservatifs dans un coin du tiroir. Il y a aussi une formule qui consiste à dire où et comment on peut se procurer des préservatifs, faire connaître certaines associations, certains lieux où l’adolescent peut trouver des informations précises, des réponses à ses questions, rencontrer un interlocuteur. Le médecin ou le pédiatre peuvent aussi jouer ce rôle si l’ado a suffisamment confiance.

 

Quel est le rôle de l’école dans l’éducation sexuelle des enfants ?

Je crois qu’il n’existe plus de cours « d’éducation sexuelle » sous cette dénomination. Ce sont désormais des sensibilisations sur des thèmes précis, proposées par les professeurs, l’infirmière, l’assistante sociale du collège ou des intervenants extérieurs, qui peuvent prendre la forme de mini-débats avec les élèves. C’est, je pense, un principe à conserver, qui donne la possibilité aux enfants d’aborder la question de la sexualité avec ses pairs, ailleurs que dans le cadre familial. Je crois que l’école a son rôle à jouer autour de cette question de la sexualité. En 6e-5e, au moment où se joue la puberté, ces questions peuvent aussi être traitées de manière ludique et avec humour, je crois d’ailleurs savoir que certains « travaux pratiques », proposés aux élèves peuvent les faire beaucoup rire tout en leur étant très utiles…

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