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Que reste-t-il de la cuisine de nos grands-mères ?

cuisine-grand-mere-edith-orleansBlogs, sites, livres et émissions de télé sur la cuisine de Grand-Mère envahissent les médias et les maisons depuis plusieurs mois. Les cocottes et les plats mijotés déchaînent les passions et rapprochent les familles.

On a tous des souvenirs de repas en famille, de grandes tablées, de nappes blanches, d’odeurs et de saveurs qui embaument la cuisine, de blagues d’un oncle. Ces déjeuners interminables où l’ambiance est conviviale et le plat inoubliable. Une blanquette parfumée, une tarte savoureuse, une poule au pot mijotée… Dans chaque famille, il y a une ou plusieurs recettes qui ont marqué les esprits, qui ravivent les mémoires et qu’on espère tous pouvoir refaire à l’heure venue. Ça, c’est la cuisine dite de Grand-Mère. Pourtant, cette cuisine n’est plus la même. Guy Bourgeois, président de la confédération des arts de la table, explique : « Elle a changé de destination. Avant, c’était de la cuisine quotidienne. Aujourd’hui, c’est une cuisine festive ; on n’en fait pas tous les jours, mais seulement pour les grands moments. » En cause avant tout : le manque de temps, pour Philippe Bardau, chef du restaurant le Lift : « Prenez par exemple le coq au vin. C’est bien meilleur réchauffé, il faut donc plusieurs heures de cuisson. Même chose pour le gigot à la cuillère pour lequel 7 heures sont nécessaires. » Difficile effectivement de consacrer autant d’heures à la cuisine quand on travaille. Cette dernière aurait donc suivi les changements de la société. Pour Guy Bourgeois, la vraie rupture s’est faite avec mai 1968 : « Les jeunes femmes à cette époque ont rejeté ce qu’elles avaient appris de leur mère. Elles savaient cuisiner mais ne voulaient plus le transmettre à leurs propres enfants. » Parallèlement à ça, avec les années, la famille s’éclate, se disperse, les grands repas s’oublient et les occasions de se retrouver se font de plus en plus rares. Jusqu’à ces dernières années. « Aujourd’hui, les gens ont besoin de reconstituer la famille. Pour cela, quoi de plus naturel et convivial qu’un repas qui rappellerait les souvenirs d’enfance ? », poursuit Guy Bourgeois. Dans les cocottes, c’est donc notre passé qu’on rechercherait, mais encore plus loin que ça, nos racines.

Une cuisine personnelle et intime

Et comme chaque histoire de famille est personnelle, ce type de cuisine l’est également. « Les meilleures recettes de Grand-Mère sont celles de la mienne », avoue dans un sourire Philippe Bardau. Pour lui, le secret d’un plat réussi est donc avant tout d’y mettre du temps mais également du cœur, et ce dans le respect des produits de marché. Mais malgré tout cela, « on ne peut plus faire de la vraie cuisine de Grand-Mère », précise Guy Bourgeois. « Les instruments ne sont plus les mêmes, les aliments non plus. Alors, on peut s’approcher de l’ambiance, mais on ne fera plus jamais la même cuisine. » Elle a effectivement évolué et nous permet aujourd’hui de manger une pizza entre amis un soir et de déguster un bœuf bourguignon le lendemain midi chez mamie. Et c’est aussi ça, la cuisine d’aujourd’hui.

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