Vainqueur de cinq éditions du Paris-Dakar, l’ancien motard devenu organisateur de rallyes a en outre donné une nouvelle direction au parc de loisirs de l’île Charlemagne. Entre deux rendez-vous, nous avons réussi à coincer cet infatigable baroudeur qui se partage entre Paris, Orléans… et ailleurs. Sébastien Drouet
C’est presque un réflexe. Dites « Cyril Neveu » à votre interlocuteur, et pour peu qu’il ait un minimum de culture mécanique, il vous répondra : « Paris-Dakar. » Logique : avec cinq victoires, l’Orléanais a longtemps été le recordman de titres en catégorie moto avant d’être dépassé par son copain Stéphane Peterhansel. C’est même lui qui a ouvert le bal en remportant, à 22 ans, la première édition, en 1979 : « C’est grâce à cela que j’ai été un homme public dans les années 80, avant que cela ne s’estompe un peu. Mais comme on est dans la nostalgie et le vintage, on m’en parle encore. C’était une course mythique, une grande aventure humaine, qui m’a permis de vivre de ma passion, la moto. » Une aventure vécue en famille, qui plus est, son père, deux fois champion du monde de canoë, l’assistant à ses débuts sur les pistes africaines tandis que son frère courait en voiture : « Mon père m’a inculqué le fait que bosser en famille, c’est plutôt sympa. C’était génial de partir et de réussir ensemble. » Vainqueur en 1979, 1980, 1982, 1986 et 1987, Cyril Neveu a préparé sa reconversion assez tôt, alors qu’il était au sommet de son sport. « Lors de ma dernière victoire – mais je comptais bien en remporter d’autres ! – j’ai créé une société avec Jean-Christophe Pelletier, décédé depuis, pour organiser des petits frères du Dakar pendant quatre ans, en Tunisie et au Maroc. » Des rallyes de voitures anciennes sont aussi à l’actif de ce passionné d’engins mécaniques qui s’est, depuis 2010, lancé dans une nouvelle entreprise avec l’acquisition de l’accrobranche de l’île Charlemagne, devenu ce Léo Parc dont il a confié le guidon à son fils Alexis. L’esprit de famille, encore et toujours. Et l’esprit de compétition, aussi : « J’ai appliqué les règles de la compét’ dans le bizness. Si on veut gagner, il faut de la rigueur. On doit se donner les moyens. Dans n’importe quel sport il faut s’entraîner, dans le boulot il faut bosser, trouver des idées, les mettre en œuvre. » Ce n’est pas pour gagner, mais pour s’amuser, qu’il participera à l’enduro de Biarritz le 14 juin. Avec Guillaume Canet, « parce que c’est mon pote ». L’amitié, une autre valeur forte pour Cyril Neveu !
Bio express
20 septembre 1956 : naissance à Orléans
1979 : première victoire au Paris-Dakar
1986 : Paris-Dakar ; mort de 5 personnes, dont D. Balavoine et T. Sabine, dans un accident d’hélicoptère. 4e victoire
1991 : dernière participation au rallye
2010 : reprise de l’accrobranche de l’île Charlemagne
2013 : organisation du Maroc classic
Le Dakar aujourd’hui*
« C’est complètement différent de ce que j’ai connu, il n’y a plus cette notion d’aventure. Quand ils tombent en panne, les gars trouvent toujours un habitant pour les aider. Nous, on était dans le désert, sans personne à 400 km à la ronde. Une course de débrouille et d’aventure humaine. »
(*Depuis 2009, le rallye se déroule en Amérique du Sud)
Les 80 km/h
Motard toujours, Cyril Neveu a un avis tranché sur la question des 80 km/h sur les routes secondaires : « Ridicule. C’est pour ramasser du pognon. Ce n’est pas ce qui fera baisser la mortalité. »
Dans la course
C’est à Alexis, soutenu par son père, que l’on doit la No Limit Race, « course d’obstacles la plus fun du Loiret », lit-on sur le site web dédié. « La plus grosse course de la région, avec 5 000 personnes », ajoute fièrement Cyril Neveu. Prochaine édition : le 16 septembre 2018.