Venue en France en 2001 pour apprendre le français et enseigner à ses compatriotes chinois, c’est finalement tout le contraire qui s’est passé; Dan donne des cours de chinois à des lycéens orléanais. Et à son fils.
COMMENT ÊTES-VOUS ARRIVÉE ICI ?
À 26 ans, en 2001, alors que j’avais terminé mes études et que je travaillais comme traductrice en anglais, j’ai eu envie de quitter ma province de la Mandchourie pour découvrir le monde extérieur et j’ai opté pour la France, dont je rêvais d’apprendre la langue. J’ai atterri à Grenoble pour y prendre des cours de français, puis j’ai passé une maîtrise de FLE (français langue étrangère) pour pouvoir enseigner le français en Chine. C’est finalement le contraire qui s’est passé. Alors que je travaillais à Lyon pour l’Alliance française, j’ai rencontré Michaël, que j’ai décidé de suivre ici, où il travaille comme pilote d’avion d’affaires sur la base de Saint-Denis-de-l’Hôtel. Depuis, j’enseigne la langue chinoise et sa culture à une soixantaine d’élèves au lycée Saint-Charles.
LA LANGUE ET LA CULTURE CHINOISES SONT DONC SI LIÉES ?
Oui, évidemment, et j’y suis très attachée. J’ai d’ailleurs créé en 2014 l’Association de partage culturel franco-chinois, où l’on donne autant des cours de langue que de civilisation, de calligraphie, où nous organisons des festivités… En classe, je fais notamment pratiquer à mes élèves la relaxation en musique, pour les éveiller à ces aspects de la philosophie chinoise… J’en suis profondément imprégnée, et je transmets cela également à mon fils de 4 ans, Charles-Zihe. Il a un prénom double, une double culture, et comprend déjà parfaitement les deux langues.
PASSER D’UNE CULTURE À L’AUTRE N’A-T-IL PAS ÉTÉ TROP DIFFICILE ?
Difficile, non, mais des petites choses m’ont choquée en arrivant, et continuent de m’étonner. Notamment les gens qui s’embrassent en pleine rue. Ou encore l’image de la femme, totalement différente. J’ai été frappée de voir des femmes porter elles-mêmes leurs lourds sacs de courses ! Jamais ce ne serait possible en Chine où un homme se proposerait de les aider. Ici, les femmes sont indépendantes, fument, elles cherchent à ressembler aux hommes. En Chine, les femmes, bien qu’elles travaillent, s’occupent de la maison, des enfants. Moi je pense que si chacun tient son rôle, on n’entre pas en conflit et on atteint l’harmonie. Mais ça n’engage que moi.
Si vous deviez trouver un point commun aux deux pays ?
Ce serait sans hésiter l’amour de la gastronomie. Il y a notamment un parallèle fascinant entre le vin et le thé, emblématiques des deux cultures. La dégustation de ces breuvages relève véritablement du rituel ! Ils se partagent, se dégustent de façon conviviale. J’ai d’ailleurs moi-même étudié l’œnologie au lycée agricole de Beaune, pour m’orienter vers son commerce à l’international. Les Chinois en raffolent. Mais en-dehors de cela, les deux cultures sont extrêmement éloignées.
Elle aime
J’adore l’environnement d’Orléans. Cette coexistence entre la Loire sauvage, protégée, préservée, et la ville. J’aime la taille de la ville où l’on peut tout faire à pied ou en tram, et j’aime l’offre culturelle qui y est proposée, dont je profite au maximum en famille.
Elle n’aime pas
Je trouve néanmoins que la ville manque un peu d’animation, de dynamisme et de chaleur. C’est assez paradoxal : je trouve les gens chaleureux, souriants, mais ils restent distants, ce n’est pas facile de faire connaissance. C’est très « chacun chez soi » et ça me change beaucoup de mon pays d’origine.
Ses adresses :
– La médiathèque d’Orléans pour le choix des livres à partager avec son Fils.
– Le restaurant Pho L’Orient pour sa cuisine asiatique.
– Le magasin Mistigriff (Palaf) pour le plaisir de fouiller, d’y dénicher de bonnes affaires.