Professeur de piano et de chant à l’école municipale de musique de Saran, Daniella Rabier Fuenzalida, Orléanaise depuis l’âge de 4 ans, fait aussi partie de trois ensembles, évoluant du tango au classique. « Un grand écart de styles qui me plaît beaucoup », dit-elle avant de répondre à notre portrait chinois… Propos recueillis par Sébastien Drouet
Si vous étiez… un style musical ?
Le tango ! Une musique créée par des immigrants dans la région du Rio de la Plata, entre l’Argentine et l’Uruguay, à la fin du XIXe siècle, et qui parle d’exil.
Un instrument de musique ?
La voix, un instrument où il y a le texte en plus. Je ne peux pas chanter un texte « creux ».
Un héros ou une héroïne ?
Don Quichotte, un grand idéaliste. Ou plutôt « L’homme de la Mancha », créé en français par Jacques Brel. Un personnage en quête de l’inaccessible étoile.
Une histoire d’amour ?
Rodrigue et Chimène, dans Le Cid, une histoire qui malgré tout se termine bien. Mon fils s’appelle Rodrigue.
Un métier (autre que le vôtre) ?
Architecte.
Un vêtement ou un accessoire ?
Les chaussures à talon. J’aime l’élégance que cela donne, le rapport à la féminité.
Une œuvre d’art ?
Le Rêve, de Picasso, conservé au musée Guggenheim (New York). Une grosse claque artistique.
Un monument ?
La Casa Battló, à Barcelone. Une maison conçue par Gaudí, une architecture très fantasque.
Un pays ?
Le Chili. Mes parents sont réfugiés politiques. Ils sont arrivés ici en 1973, après le coup d’état de Pinochet, avec deux valises et deux petites filles.
Une ville ?
Buenos Aires. Je l’ai découverte l’année dernière lors d’un stage de tango chanté. Il y a un foisonnement culturel fabuleux.
Un gros mot ?
Saperlipopette !
Quelle est la qualité que vous admirez chez les autres ?
La capacité d’écoute.
Qu’est-ce qui vous insupporte ?
L’intolérance. Tous les sectarismes, les discriminations.
Quand vous regardez le chemin parcouru, que vous dites-vous ?
Je pense à l’histoire de mes parents, dont la vie a été bouleversée à 35-40 ans, et je me dis que tout est possible. Mon mari, ancien chanteur d’opéra, est devenu architecte d’intérieur. Et moi-même, j’ai travaillé dans différents domaines. Tout est possible !
Et si c’était à refaire ?
Je ne changerais pas grand-chose. Pour être ici, aujourd’hui, il faut avoir fait tout le chemin…
Un grand projet en 2017-2018
Dans le cadre d’une exposition autour des immigrations en région Centre, organisée par Mémoires plurielles (sous la présidence d’Hélène Mouchard-Zay) et mise en place au Musée historique, Daniella participe à l’élaboration d’un spectacle autour du tango, mi-conférence chantée, mi-lecture de poèmes, pour resituer cette musique dans son histoire et son actualité. Cet événement aura une dimension régionale, avec des manifestations à Bourges et Tours. À suivre !