À l’heure où chacun est vissé à son écran de téléphone, les connections hors connection semblent plus difficiles, beaucoup choisissent donc de faire du problème la solution et draguent online, mais est-ce vraiment plus facile ?
Ambre BlanEs et Marie-Zélie Cupillard
Contrairement aux sites de rencontres sur lesquels les inscrits cherchent clairement quelqu’un, les réseaux sociaux peuvent aussi être des lieux de drague, car ils permettent de rentrer facilement dans l’intimité que chacun veut bien partager (photos de vacances, loisirs, quotidien). Ce sont aussi des espaces où l’on exprime ses émotions, ses coups de cœur et ses coups de gueule de manière beaucoup plus libre qu’ailleurs. Sur Instagram le partage de photos suscite l’émotion et en dit plus que de longs discours, sur vos goûts et votre sensibilité esthétique. L’esprit Facebook est plus ciblé sur votre vie sociale parce que les amis de mes amis ont potentiellement des affinités avec moi. C’est aussi une mine d’infos pour capter le caractère et l’environnement de l’autre, on peut même se rendre aux mêmes événements que lui. D’ailleurs Facebook l’a bien compris en lançant la nouvelle fonctionnalité (pas encore disponible en Europe), le Secret Crush. Le principe ? Établir la liste secrète de neuf contacts qui nous plaise, la connection se fera s’ils vous ont aussi placé sur leur propre liste. Alors faut-il vraiment opposer la vraie vie aux réseaux sociaux ?
« Tous les modes de rencontres sont intéressants dès lors qu’ils rompent la solitude, qu’il s’agisse du net ou de moyens plus traditionnels » avance Anne Berthus, auteur du Guide de la séduction sur Internet.
Est-ce plus facile en ligne ?
La drague est une activité difficile pour 57 % des français. Il y a plusieurs raisons à cela, d’une part la timidité qui peut être un obstacle, la peur de l’échec et le fait d’être isolé de par son activité professionnelle, son parcours de vie, sa situation géographique. L’écran semble être un rempart contre la timidité et permet de faire plus facilement le premier pas : « Ils deviennent devant leurs écrans des experts en communication ! », constate le sexologue et andrologue Sylvain Mimoun. « C’est, pour mes patients hommes, un bon entraînement pour parler aux femmes, en banalisant leurs craintes. » Évidemment les possibilités de rencontres sont beaucoup plus nombreuses que si l’on se limite à son environnement professionnel et amical, mais il faut faire le tri et l’infini est parfois proche du néant : trop de choix tuent le choix. Il est préférable de rester vraie car à force d’utiliser des filtres sur des photos d’il y a 10 ans le premier rendez-vous devient risqué. L’échange de messages écrits implique d’être sur un même niveau de maîtrise de l’orthographe au risque d’être discrédité aux yeux de certains. Enfin on peut accrocher et finalement ne jamais sortir de la friend zone. Il y a de nouveaux modes de comportement qui sont directement liés à la drague 2.0 qui peuvent vite êtres désagréables (cf lexique ci-dessous). S’ils ouvrent un plus grand champ des possibles, les réseaux sociaux ne sont pas incontournables. Alors un conseil, ne vous éternisez pas à draguer derrière votre écran et passez rapidement à la rencontre, pour être face à l’imprévisible et délicieuse réalité de la drague les yeux dans les yeux.
Sources : wedemain.fr enquête Comment Internet a changé notre façon d’aimer.
Les données chiffrées sont tirées du sondage réalisé par YouGov en 2018 pour l’application de rencontres Happn.
Lexique de la drague 2.0
Cricketing : se faire désirer en lisant les messages sans y répondre tout de suite.
Gatsbying : poster des photos sous son meilleur jour tout en guettant les like de son crush.
Ghosting : zapper l’autre du jour au lendemain sans explication.
Orbiting : ignorer un partenaire tout en le suivant sur les réseaux sociaux.
Serendipidating : aller à un rendez-vous sans convictions en attendant mieux.