Le magazine féminin des Orléanaises (depuis 2010)

Ecran total pendant l’été

Depuis la réouverture des salles de cinéma, le 19 mai, l’offre est pléthorique pour tous les amoureux du septième art. La cadence ne va pas ralentir durant les mois d’été, en général moins favorables à la fréquentation. Il serait dommage de passer à côté de certaines œuvres attendues ou d’autres moins susceptibles d’attirer l’attention. Florilège.

 Le 16 juin, impossible de faire l’impasse sur La nuée de Just Philippot. Cette histoire d’une éleveuse de sauterelles, de plus en plus obsédée par sa tâche et ses rendements, se nourrit dans un premier temps de réalisme avant d’aborder des zones bien plus grises avec une maîtrise assez confondante dans la gradation de l’épouvante. On peut évidemment penser à une version moderne des Oiseaux d’Hitchcock mais La nuée va bien plus loin dans l’effroi avec la description du comportement psychotique de son héroïne. Quand stridulent les sauterelles, il y a de quoi frissonner d’angoisse.

La nuée de Just Philippot

“Tous les ingrédients sont réunis pour que le mélodrame active les glandes lacrymales du spectateur”

Tout aussi brillant est le nouveau film de la talentueuse réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania : L’homme qui a vendu sa peau. Son héros syrien, au tatouage dans le dos, est victime d’un pacte méphistophélique. Le projet est excitant et moderne parce qu’il est parfaitement en adéquation avec notre époque étrange « où les marchandisent circulent mieux que les individus ». C’est aussi un formidable film sur le pouvoir de l’art et ses limites avec son caractère provocateur et mercantile. Dans un tout autre registre, le 28 juillet, Milla est à ne pas manquer. Pour son premier long-métrage, l’australienne Shannon Murphy n’a pas choisi la facilité avec l’adaptation d’une pièce de théâtre qui traite de la maladie d’une adolescente et de son premier amour. Tous les ingrédients sont réunis pour que le mélodrame active les glandes lacrymales du spectateur, et tout l’enjeu du film est de ne pas tomber dans ce panneau, en composant un tableau vivant et élégiaque qui éloigne la tristesse, autant que faire se peut. Ni la mise en scène ni l’interprétation n’ont la volonté d’ébahir et sont à l’image d’un film sans trémolos qui parvient à toucher durablement sans user des ficelles habituelles.

La réalisatrice Kaouther Ben Hania
Mila de Shannon Murphy

“Tout aussi brillant est le nouveau film de la talentueuse réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania”

 « Il n’y a rien de pire que des femmes qui dansent »

Trouble et troublant, Fidélité, le deuxième film de la cinéaste russe Niguina Saïfoullaeva (sortie le 11 août), ne laissera personne indifférent  avec pas mal de questions en suspens concernant les actes et la psychologie de son héroïne. D’une no

Nouvelle illustration de la jalousie au sein d’un couple, jeune mais déjà usé, le film passe à tout autre chose avec l’exploration du désir féminin, comme un symbole d’une liberté à acquérir. La réalisatrice va assez loin en filmant quasi frontalement, et froidement, des scènes très charnelles. Fidélité fait appel aux sens et à l’intelligence mais son approche, presque clinique, de l’obscur objet du désir, a de quoi déconcerter et ce balancement entre étonnement et fascination est la grande force du film, avec la subtilité de jeu de son actrice principale, Evguenia Gromova.

Le 25 août, Les sorcières d’Akelarre débarqueront sur les écrans. Si Le film nous parle beaucoup d’aujourd’hui, à travers une chasse aux sorcières, c’est non seulement parce que le réalisateur argentin Pablo Agüero traite le sujet de manière moderne mais aussi parce que le temps de l’Inquisition est celui de la misogynie extrême. Comme le dit l’un des protagonistes de cette histoire située au début du XVIIe siècle au Pays Basque : « Il n’y a rien de pire que des femmes qui dansent », comme un symbole d’une liberté et d’une joie de vivre insouciante forcément intolérables pour le pouvoir des hommes. Les sorcières d’Akelarre est un film intense, puissant, sensuel et magique qui s’enivre des paysages basques et communie dans une sororité qui se joue de l’intolérance et de la stupidité masculines. C’est l’un des films majeurs d’un été fort riche pendant lesquels certains films cannois pourront enfin être découverts comme Annette de Leos Carax avec Marion Cotillard, et Benedetta de Paul Verhoeven, avec Virginie Efira (Les 6 et 9 juillet). Bonnes projections à tous !

Alain Souché

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