Le magazine féminin des Orléanaises (depuis 2010)

Elles font l’abstraction, l’art de sortir les femmes de l’invisibilité

L’exposition « Elles font l’abstraction » présentée au Centre Pompidou de la réouverture jusqu’au 23 août 2021, propose une relecture inédite de l’histoire de l’abstraction depuis ses origines jusqu’aux années 1980.

Articulant les apports spécifiques de près de cent dix « artistes femmes », la commissaire générale Christine Macel et la commissaire associée pour la photographie, Ka-rolina Lewandowska, revisitent cette histoire, tout en mettant en évidence le processus d’invisibilisation qui a marqué le travail des « artistes femmes », à travers un parcours chronologique qui mêle arts plastiques, danse, photographie et arts décoratifs. Les artistes y sont présentées, selon les termes choisis pour le titre, comme actrices et cocréatrices à part entière du modernisme et de ses suites. En redonnant une place aux « artistes femmes » au sein de cette histoire, l’exposition en dé-montre la complexité et la diversité. Elle opère tout d’abord une incursion inédite dans le 19e siècle avec la redécouverte de l’œuvre de Georgiana Houghton datant des années 1860, bouleversant la chronologie des origines de l’abstraction à partir de ses racines spiritualistes. Elle valorise ensuite des figures phares par de mini-monographies qui mettent en avant des artistes peu montrées en Europe ou injustement éclipsées. Une attention toute particulière est donnée aux contextes spécifiques qui ont entouré, favorisé ou au contraire limité la reconnaissance des « artistes femmes » – des contextes à la fois éducationnels, sociaux, institutionnels. L’exposition révèle ainsi le processus d’invisibilisation de ces artistes tout en rendant compte de leurs positions, avec leurs complexités et leurs para-doxes. Beaucoup, comme Sonia Delaunay-Terk, se sont situées au-delà du genre, quand d’autres comme Judy Chicago, ont revendiqué un art « féminin ». « Elles font l’abstraction » soulève par ailleurs de multiples questionnements. Le premier concerne les termes mêmes du sujet : l’abstraction, ce langage à partir de formes plastiques qui s’épanouit au début du 20e siècle, embrasse en fait de multiples définitions. Un autre porte sur les causes de l’invisibilisation spécifique des femmes dans les histoires de l’abstraction perdurant encore aujourd’hui. Peut-on continuer à isoler des « artistes femmes » dans une histoire séparée, alors qu’on la souhaiterait plurivoque et non genrée ? Il s’agit de révéler les apports spécifiques des artistes présentées. Chacune à leur façon, ces artistes particulières, originales et uniques, sont partie prenante de cette histoire.

 

 

 

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