Installé à la tête de l’une des entreprises les plus florissantes du Loiret, qui emploie un millier de personnes, le patron de la Laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel mérite le qualificatif d’« atypique ».
Un patron orléanais du MEDEF l’a un jour qualifié de « dirigeant gauchiste et laxiste ». Pour toute réponse, Emmanuel Vasseneix invita son interlocuteur à lire la dernière ligne du compte de résultat de l’entreprise. Un chiffre en hausse constante, d’année en année, en particulier depuis que l’ancien responsable de la jeune chambre économique du Loiret a repris les rênes de la Laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel (LDSH).
Il faut dire qu’Emmanuel, comme il le reconnaît lui-même, a eu un « parcours atypique ». À 47 ans, ce père de trois enfants n’a pas de HEC ou d’autre grande école de la finance sur son curriculum vitae. Élève moyen au collège de Jargeau – « j’étais un peu un branleur », confesse-t-il –, il entre, à l’issue de la classe de troisième, à l’école d’agriculture de Bellegarde. « J’ai alors bien failli être agriculteur. C’était un métier qui me passionnait », se souvient le PDG de la LDSH. Il intègre ensuite, comme son père l’avait fait lui-même, une école de laiterie, à La Roche-sur-Foron, en Haute-Savoie, où il décroche un BTS et découvre son goût pour la montagne. Cela ne le quittera plus. Autre formation, autre massif : il rejoint le Jura pour un cycle sur la qualité. C’est là qu’il rencontre Sylvie, originaire de Brest, qui deviendra son épouse. Après le service militaire, il est embauché en 1986 comme responsable d’un atelier de production chez Triballat, dans les Vosges. Deux ans plus tard, direction Villecomtal, dans les Pyrénées, où il intègre une laiterie du groupe Danone. Le patron, M. Frémont – son « père spirituel » – va lui mettre le pied à l’étrier. Il lui confie la responsabilité d’un atelier où travaillent une centaine de personnes.
Vers le sommet
En novembre 1992, son père, André Vasseneix, ancien président du Tribunal de commerce d’Orléans, souhaite lui passer le relais. Après une formation à la gestion, il intègre la direction de la Laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel. Ironie du sort, il prend ses nouvelles fonctions le lendemain même du décès de son grand-père, fondateur de l’entreprise. En 1996, il devient directeur général, avec, à ses côtés, son frère Christophe et sa sœur Christelle. « On a travaillé avec mon père jusqu’à ce qu’il parte en retraite en 2002. On a eu un beau parcours. On a fait grandir l’entreprise, on a fait grandir les hommes. On a grandi aussi », raconte Emmanuel.
C’est ce parcours, qu’il qualifie de « riche », au cours duquel il a « énormément compris les hommes parce [qu’il a] travaillé avec eux », qui fait aujourd’hui d’Emmanuel Vasseneix un patron humaniste, pour qui « l’argent n’est pas une finalité, mais un moyen pour faire avancer les hommes et les idées ». Jusqu’au sommet du Kilimandjaro en 2010 ou sur « la route du jus » en juin dernier : 600 km à vélo avec une quinzaine de salariés, entre Saint-Denis-de-l’Hôtel et l’usine alsacienne du groupe à Sarre-Union. Une autre manière d’être l’aventurier qu’il rêvait de devenir.
Bio express
Naissance à Orléans le 22 février 1965.
En 1984, il obtient son BTS laiterie en Haute-Savoie.
Il intègre l’entreprise familiale en 1992 et en devient directeur général en 1996.
En 2010, il gravit le Kilimandjaro avec un groupe de salariés de l’entreprise.