Difficile d’envisager qu’enfants et animaux aient tant à partager. C’est pourtant une évidence : le premier tire du second de grandes leçons de vie, qui vont l’accompagner durant son existence. Et si leurs rapports changent invariablement avec le temps, cette fréquentation reste décisive. Frédéric Ferrand
Qui se ressemble…
De nombreuses similitudes rapprochent l’enfant de l’animal. La première est que les tout-petits partagent le sort des animaux domestiques : exclus de la plupart des activités réservées aux adultes, ils sont aimés, dorlotés, réconfortés. Placés dans une situation de totale dépendance, ils sont dans l’incapacité d’établir un vrai dialogue avec leurs proches. Entre ces deux êtres assistés, le processus d’identification va donc être naturel, la communication non-verbale tenant lieu de langue commune. L’animal et ses multiples représentations (peluches, jouets, livres, films, dessins animés…) occupent l’espace de l’enfant dès sa naissance. Celui-ci ne peut logiquement que se piquer d’amour pour une véritable boule de poils, qu’il tendra à considérer en égal. Par la suite, à l’heure de la scolarisation et des premiers moments de socialisation, l’animal, moins investi émotionnellement, peut retrouver un rôle majeur par sa portée anxiolytique. Il demeure en dépit du temps un référent stable dans un monde en perpétuel mouvement. Enfin, il accepte tout ce qui lui est confié, ce qui renforce d’autant les liens.
Dans la confidence
C’est d’ailleurs là un élément capital : l’animal ne juge pas. Il admet les enfants tels qu’ils sont et leur permet d’accélérer leur découverte du monde ou d’assurer leur bon développement psychomoteur. Il est également un moyen de comparaison, une façon comme une autre de forger sa propre identité. Par sa prise en charge, il donne le sens des responsabilités et insuffle à la fois confiance et autorité. Voilà pourquoi les animaux s’offrent comme d’excellents compagnons aux handicapés, enfants aussi bien qu’adultes. Leur approche tranquillise, leur fréquentation valorise. Ils rassurent, amusent, peuvent combler une trop grande solitude, permettent d’offrir des pistes de dialogue et de réflexion. Ils font au surplus de parfaits partenaires de jeux. Ce rapport ludique a une importance cruciale dans la structuration de l’enfant. Ce qui pourrait en effet être appréhendé comme un amusement inconséquent contribue à façonner le rapport à l’autre, tout en expulsant pas mal de pulsions agressives. Les limites, qui sont atteintes dans l’excès de rudesse, permettent également un positionnement face à la douleur ou la souffrance. Voilà d’ailleurs une excellente manière d’ouvrir un débat primordial : si l’animal est un compagnon sans égal, l’enfant doit comprendre qu’il n’est pas le réceptacle de sa violence, physique ou mentale. Cet être vivant n’est pas un jouet ! Les parents ont pour mission de lui inculquer cette évidence, mais aussi de faire en sorte que celui qu’ils ont délibérément introduit sous leur toit jouisse d’un maximum de sérénité. Tout autre exemple serait à ce point contre-productif que mieux vaudrait alors se passer d’un animal domestique à domicile.
À quel âge ?
On estime que c’est entre le septième et le huitième mois que l’enfant commence à éprouver les premières sensations d’angoisse. Ce petit être qui passe son temps à rire et sourire soudain se ferme dès que s’éloigne sa mère. Redoutant de ne plus jamais la retrouver, il craint d’être abandonné. C’est à partir de cet âge qu’un animal peut être introduit à domicile, si du moins il n’y en avait pas au préalable. Avant, l’enfant peine à reconnaître les visages ou à faire la différence entre Teddy l’ourson et le toutou de la maison. Son voisinage, qui ne va pas faire cesser les pleurs ni même arrêter les poussées de stress, aura néanmoins pour bénéfice de le tempérer. Tenu pour protecteur, vivant à ses côtés, l’animal domestique a un rôle de sécurisation majeure sur l’enfant, qui va trouver en lui un vrai réconfort. Son contact, sa vue, les échanges visuels ou sonores font que le lien qui se tisse entre eux peut être très fort. De surcroît, l’animal du foyer intervient souvent comme un élément salvateur durant les cauchemars, traversés de loups et autres serpents. Le chat ou le chien, chargés d’un symbolisme extrêmement positif, interviennent alors de façon chimérique pour sauver leur jeune maître. Bref, en défendant la nuit et en apaisant le jour, difficile de ne pas voir en l’animal un compagnon d’exception.