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Enfants frustrés ? Enfants heureux ?

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enfants-frustres-enfants-heureuxQue souhaitez-vous à vos enfants ? Du bonheur, rien que du bonheur… À l’époque où nous avons souvent la possibilité de choisir la venue de l’enfant, on découvre une génération de parents perdus, entre autorité et laisser-faire. Comment trouver le bon équilibre ?

Le fait de choisir le meilleur moment pour avoir des enfants met une forte pression, parfois inconsciente, aux parents qui se disent : « Je dois être super et mon enfant aussi ! » On se met dans un schéma idéal qui, en réalité, est inaccessible.
Très longtemps, on a pensé que l’enfant était un adulte en miniature ; ce n’est qu’au début du XXe siècle, avec la naissance de la pédiatrie, que l’on a compris que l’enfant était un être en développement. On s’est mis à l’étudier et à faire des livres qui disaient : « Tout se joue avant 6 ans », puis on en est revenu.
Mais cela a fait naître un sentiment de culpabilité chez beaucoup de parents qui ont fini par basculer dans un comportement inverse : « Je ne vais pas faire ceci ou cela car je ne veux pas faire de mal à mon enfant. » Cette pensée est légitime, mais il est important de doser la place et le rôle que l’on donne à l’enfant dans ses choix d’adultes.
L’appellation «enfant-roi» est péjorative, et souvent on se trompe sur le sujet. Les contraintes affectives, liées aux nouvelles formes de familles imposées aux enfants incitent certains parents à jouer sur des compensations matérielles. Cela ne fait pas pour autant de ces enfants des rois puisqu’en réalité on touche à leur essentiel : cadre de vie familial et parfois scolaire bouleversé, sécurité affective ébranlée… Autant d’étapes à surmonter pour l’enfant.
Comment définir la frustration ?
Si l’on se réfère au dictionnaire, « frustrer », c’est priver quelqu’un de ce qu’il attend et ne pas satisfaire un désir. Justement il est essentiel que l’enfant découvre ce qu’est le sentiment de désir. L’enfant gâté est celui à qui l’on répond presque immédiatement à ses demandes, il n’a pas le temps d’éprouver le désir, ni d’en faire le tour. Certains parents anticipent ce qu’ils croient être le désir de l’enfant. Alors l’enfant, comblé de « quelque chose », peut croire que « son désir n’a pas d’importance ».
Plus tard, cela peut faire des adultes atteints de « la fièvre acheteuse », comportement qui est une illustration de l’absence de désir vrai et profond. Dans son livre L’Enfant heureux, Didier Pleux, psychologue clinicien, rappelle qu’ « un enfant tolérant aux frustrations est un enfant qui apprend à jouir de la vie sans s’attendre à ce que cela soit permanent ; il sait allier son bonheur propre avec les exigences du principe de réalité ».

Jusqu’où faut-il aller dans la frustration ?
La première frustration arrive au moment de notre naissance, la séparation avec le cocon maternel, ce qui permet de grandir et de découvrir ses propres capacités. Tout est question de bon sens, aucune frustration ne doit concerner les besoins profonds de l’enfant : la sécurité, la confiance, la possibilité bien heureuse de l’autonomie. Et il faut tenir compte des étapes de sa vie ; quand arrive un autre enfant ou que les parents se séparent, l’enfant peut être plus fragile. Pour les jeunes enfants, la frustration consiste à donner des repères afin qu’il trouve sa place : « Non, ça tu ne peux pas, ça oui. Quand tu seras grand tu pourras faire ceci, mais pas maintenant. » C’est une façon de positiver le non, en expliquant que ce n’est pas définitif. Cela permet à l’enfant de se rêver grand. À l’adolescence le jeune a à découvrir ses capacités d’adulte, ici aussi la frustration est un élément fondateur. Ce qui est essentiel est que l’adulte sache pourquoi il dit non, mais pour autant il n’a pas forcément besoin de se justifier. Vouloir le bonheur de ses enfants, c’est déjà faire en sorte d’aller bien soi-même et cela rejaillira sur eux.
Nous remercions Domitille Blanquart, psychologue clinicienne à Saint-Jean-le-Blanc, qui a répondu à nos questions.

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