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Facebook, Instagram, LinkedIn, Snapchat… Ce qu’ils ont changé dans notre vie

Nous ne reviendrons plus en arrière, ils sont là et bien là, et il faut s’y faire. « Ils » ? Les réseaux sociaux bien sûr ! Depuis l’arrivée en trombe de Facebook en 2004, ils ont séduit 3,3 milliards d’utilisateurs dans le monde. Sachant qu’en moyenne, les Français passent 1 h 20 chaque jour sur les réseaux sociaux, quel usage en faisons-nous ? Jusqu’où ont-ils bouleversé notre vie quotidienne ? Sébastien Drouet

 

Plus qu’une habitude, un réflexe : dix fois, quinze fois dans la journée, et même davantage (les Français consultent leur smartphone 26 fois par jour en moyenne, sans compter l’ordi ni la tablette !), vérifier combien de notifications ou de « likes » a recueillis la photo de vacances postée hier soir. Si ce n’est vous, de toute façon, vous connaissez forcément au moins une personne comme ça, addict de ces réseaux sociaux qui se sont imposés dans nos vies au point d’en être des parties intégrantes. Pour nombre d’entre nous, il ne se passe pas un jour sans faire un tour ou poster sur Facebook, Twitter, Instagram (38 % des internautes femmes ont un compte Insta, contre 26 % des hommes), LinkedIn, Snapchat (plébiscité par les 18-24 ans), YouTube (2 millions de vidéos sont vues chaque minute sur cette plateforme)*, etc., toutes ces inventions d’outre-Atlantique (il y a les équivalents en Chine) que leurs concepteurs ont su rendre indispensables. Bien sûr, fondamentalement, elles ne le sont pas. Mais de plus en plus rares sont parmi nos semblables celles et ceux qui résistent au partage de photos, de clips, d’avis, d’humeur, de conseils que permettent ces ingénieux gadgets, qui n’ont pas de sociaux que le nom, puisqu’ils créent et conservent les liens entre les gens. C’est l’un des aspects positifs de ces nouveaux médias, qui ne doivent cependant pas occulter les points négatifs – car rien n’est jamais simple en ce monde.

Des changements en mieux

Quel plaisir de revoir Géraldine vingt ans après, de faire connaissance avec sa petite famille dont elle poste des photos sur Facebook. Quelle joie d’être mis au courant de la naissance de Gaspard ! Mais quelle tristesse d’apprendre le décès de Thérèse… Merci, donc, aux réseaux sociaux (RS) qui nous mettent ou remettent en relation avec les membres de la famille et les amis, les vrais, dont nous connaissons désormais, en direct, tous les faits et gestes que chacun(e) croit utile de rendre plus ou moins publics (tout dépend des paramètres de confidentialité). C’est LE point fort du numéro un des réseaux sociaux, Facebook (2,13 milliards d’usagers revendiqués, mais combien de faux profils ?), qui offre à chacun la possibilité de partager avec son cercle d’amis les informations qu’il juge importantes, qu’elles soient familiales ou autres. Même si on a le droit de préférer, pour une naissance ou un décès, un faire-part personnalisé ou un coup de fil…

L’info permanente

Autres bénéfices tirés gratuitement de l’utilisation au quotidien de ces merveilleuses trouvailles technologiques : d’abord, ce sont des moyens on ne peut plus efficaces de se tenir au courant de l’actualité des artistes ou des entreprises, qui les emploient bien sûr comme outils de promotion, sachant que 42 % des internautes utilisent les réseaux sociaux pour rechercher des informations sur un produit** – dès lors, on comprend mieux l’importance du métier de community manager ! D’ailleurs, nombre d’entreprises font l’économie d’un site web en créant leurs simples pages Facebook ou Insta. Ensuite, les RS permettent de se tenir au courant de l’actualité tout court – si vous avez liké les pages des journaux et magazines qui mettent les sujets en lien (parfois payants), ou si un ami a partagé une info sur son « mur » –, ou d’être sensibilisé à une cause. Ce sont en outre des outils valorisants, qui flattent l’ego quand on recueille plein de likes sur sa nouvelle photo de profil (un jeu dangereux, comme nous le verrons plus loin). Les réseaux sociaux permettent de rompre la solitude, ou tout simplement de se créer de nouveaux amis, virtuels d’abord avant de faire connaissance en vrai (amis, voire amours ; les cas ne sont pas rares). Et pourquoi pas pour trouver un emploi ? LinkedIn est fait pour ça, tandis que Twitter annonce le partage de 200 000 offres d’emplois par mois.

Des changements… en moins bien

Mais il y a le revers de la médaille. Premier point négatif : la chronophagie. Le temps que cela prend de dérouler les pages, liker, écrire un commentaire, poster des photos, des vidéos ! Le problème, c’est quand on fait cela au bureau. La productivité s’en ressent, comme la concentration, évidemment.

La bonne humeur aussi peut être affectée. Pas facile de se l’avouer, mais ne sommes-nous pas un peu jaloux des vacances que s’offre Philippe à l’île Maurice, Philippe qui ne nous épargne aucune vue de la plage ou des plats qu’il déguste les pieds sous la table ? Et puis, on a bien compris que la petite dernière de Sandra avait décroché son brevet avec mention, pas la peine d’en faire des gros titres en couleur ! Et pourquoi ce « grrrr », sous mon commentaire ? Et pourquoi Isabelle n’a-t-elle pas liké ce que j’ai mis ce matin ? Elle fait la tête ou quoi ? Bonjour les pensées négatives… Ne vivrait-on pas mieux sans ?

Surtout qu’à partir d’un moment, les médias sociaux peuvent couper les individus de leur environnement social proche, générant ainsi de l’isolement. Pire, ils peuvent entraîner une réelle dépendance. Le docteur Rauch, de l’Université Benedictine (Arizona), a montré que lorsque nos posts reçoivent des likes et des commentaires élogieux, cela déclenche un renforcement et une habitude dont il est difficile de se défaire. Les interactions dans les médias sociaux stimulent les centres du plaisir et la production de dopamine dans le cerveau, créant addiction et manque, comme l’alcool et la cigarette ! Un ancien cadre de Facebook, Chamath Palihapitiya, n’a pas dit autre chose lors d’une conférence devant les étudiants de la Stanford Graduate School of Business, le 13 novembre 2017 : « Les réseaux sociaux sapent les fondamentaux du comportement des gens. (Avec les likes) nous avons créé des boucles de feedback conditionnées à la dopamine, qui détruisent la manière dont la société fonctionne. »

Responsabilité personnelle

De plus en plus, les réseaux sociaux se substituent aux loisirs. Le temps passé devant un écran, c’est du temps en moins pour lire un vrai livre, faire du sport, aller voir de vrais amis en chair et en os.

Et puis, il y a le côté obscur de cet univers. Pour les victimes de certains agissements, le quotidien est devenu un enfer. On parle là, par exemple, du cyberharcèlement provenant de « camarades » de collège, les RS se présentant comme un « terrain de jeu » idéal pour y relayer des rumeurs, des insultes sur les apparences physiques, diffuser des photos gênantes. On parle d’escroquerie, à partir d’invitations envoyées par des personnes aux (faux) profils sympathiques et avantageux qui n’ont d’autre but que d’extirper les économies des grands naïfs, ou bien de subtiliser vos infos personnelles pour créer ailleurs un compte à votre nom et contacter vos amis avec les risques que cela comporte. On parle enfin d’actes de vengeance (comme la divulgation de photos intimes pour se venger d’une petite amie), sans oublier l’utilisation de ces moyens par des « prédateurs », en recherche de victimes faciles qui, de plus, adorent se montrer en photo.

C’est là qu’il faut pointer la responsabilité de chaque utilisateur, jeune comme adulte, car rien ni personne (à moins qu’on ne le fasse pour vous, ce qui est interdit par la loi) n’oblige à étaler sa vie privée, ses photos personnelles, à annoncer à la terre entière qu’on est seul ce soir ou que l’on part en vacances pendant deux semaines et que la maison sera donc vide. Comme le dit le journaliste Jean-Marc Manach***, « les réseaux sociaux sont très bien pour exposer sa vie sociale, et non sa vie privée. Il convient de faire la distinction entre ses vies ». À chacun d’être cyber-vigilant !  

* SLN Web, 9/03/2017
** comonsense.fr, décembre 2015
*** Les Inrocks, 30/01/2018.

 

 

Être « ami(e) » avec ses enfants ?

Théoriquement, à partir de 13 ans, n’importe qui peut créer son propre profil sur les réseaux sociaux. Dès lors, faut-il demander ses enfants comme amis (à condition qu’ils acceptent) ? Tentant pour voir un peu ce qui se trame sur leur page, mais inutile quand on sait qu’ils peuvent, s’ils savent y faire, ne vous montrer que ce qu’ils veulent bien vous montrer. Une seule question prévaut en fait (ça marche aussi avec vos patrons) : êtes-vous vraiment « ami(e) » avec eux ? Les accompagneriez-vous en soirée avec leurs copains ? En boîte ? Dans un bar ? Le mieux est sans doute que chacun respecte la vie privée de l’autre car évidemment, si vous comptez espionner vos enfants, ils pourront en faire de même avec vous…

À lire : Éduquer les enfants aux réseaux sociaux,
https://www.cnil.fr/fr/accompagnez-votre-enfant-pour-un-usage-dinternet-plus-sur

 

De la déconnexion à la désintoxication

Vous trouvez que trop, c’est trop ? Pour oublier le virtuel et revenir à la réalité du terrain, rien ne vaut les rencontres en vrai, les activités réelles, avec des personnes réelles (visites, sport, ciné), en mettant de côté son téléphone. Comme pour la cigarette, quand l’envie de voir ce qui se passe sur les RS se fait trop pressante, sortez, faites de l’exercice, courez ! En plus, ça met de bonne humeur… Pour écarter la tentation de l’écran, supprimez les applis, les raccourcis, ce qui rendra plus complexe la connexion et vous empêchera d’accéder trop facilement aux médias sociaux. Mais s’il n’est pas possible de vous en priver, ne serait-ce que pour des raisons professionnelles, fixez-vous des limites de temps, évitez les contenus qui ruinent le moral ou qui énervent, surtout les commentaires haineux. Enfin, osez le sevrage : une journée, un week-end sans réseau social, sans écran du tout (hormis celui d’un cinéma, éventuellement) !

Et si vraiment vous ressentez la nécessité d’être pris(e) en main, tapez donc « séjour digital detox » sur un moteur de recherche, vous verrez qu’il existe quantité d’offres (car c’est un marché !) : « Plus de télé, plus de wifi, plus de console de jeux vidéo, les portables seront recueillis par vos hôtes : vos vacances seront celles du vivre ensemble sans se sentir parasité par les portables… » promet un organisateur. Réservation sur Internet, tout de même.

 

Facebook : le désamour ?

L’affaire Cambridge Analytica, qui a vu fuir les données personnelles de millions d’Américains, n’est pas sans conséquences : selon une étude réalisée outre-Atlantique sur 4 594 personnes, entre le 29 mai et le 11 juin, un quart des + de 18 ans qui possédaient l’application Facebook sur leur smartphone affirment l’avoir désinstallée. Détox massive ? Pas vraiment, puisque ce sont les concurrents de Facebook qui en profitent. Désintérêt temporaire ? Peut-être, le célèbre média social, plusieurs fois enterré, ayant toujours su résister…

 

 

 

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