L’infidélité féminine reste un tabou, pourtant elles sont de plus en nombreuses à basculer dans l’adultère. Qu’est ce va encourager une femme à franchir le pas ? Que recherchera t-elle dans une relation extra-conjugale ? Une étude IFOP* lève le voile sur le sujet et met en évidence les différences hommes femmes sur le sujet. Aude Grandel
C’est bien connu, un homme infidèle est un Don Juan, un séducteur, tandis qu’une femme infidèle c’est une S… Encore un domaine où les femmes sont malmenées, car certes s’il n’y aucune fierté à rejoindre la catégorie des infidèles, on ne voit pas pourquoi l’adultère serait valorisant pour les hommes, comme si cela en faisait d’eux de vrais mâles. Tandis que la femme qui trompe son conjoint se voit immédiatement condamnée et jugée par son entourage. D’après l’étude IFOP (réalisée en novembre 2016 auprès de 3 406 Françaises âgées de 18 et plus), 33 % d’entre elles avouent avoir déjà trompé leur conjoint, elles n’étaient que 10 % en 1970. Mais les hommes les devancent largement, avec 49 %.
Les raisons du passage à l’acte
Pour expliquer un éventuel passage à l’acte, les femmes qui pourraient être infidèles mettent en avant des facteurs d’ordre multiple : physiques, émotionnels, conjugaux et même philosophiques. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, ce n’est donc pas l’usure de leur couple ou l’envie de retrouver des sensations des premiers émois ou encore le manque d’épanouissement sexuel avec leur conjoint qui les motivent le plus. La plupart des femmes qui n’ont jusqu’à présent jamais trompé leur partenaire envisagent davantage l’infidélité comme un acte déclenché par un facteur exogène à leur couple plutôt que comme la conséquence de difficultés conjugales. Ces résultats semblent indiquer que si la tentation peut résulter d’un facteur extérieur au couple, le passage à l’acte en lui-même semble découler de la conjonction de plusieurs éléments, avec des difficultés conjugales en toile de fond. Les femmes satisfaites sentimentalement dans leur couple ne veulent pas d’une relation extérieure qui pourrait être découverte et mettre en péril leur couple. Une femme bien dans son couple n’ira pas chercher ailleurs. Peut-on en dire de même des hommes ?
L’asymétrie homme femme persiste en matière d’infidélité
Si les parcours sexuels et affectifs des femmes tendent globalement à se rapprocher de ceux des hommes, de grandes différences persistent en ce qui concerne les comportements extraconjugaux. Cette différence s’explique sans doute par la capacité des hommes à dissocier plus facilement sexualité, affectivité et conjugalité. En effet, alors que les hommes cultivent plus communément la sexualité sans amour, chez la majorité des femmes l’affectif tend encore à structurer le rapport à la sexualité. Cet écart peut tenir aussi au fait qu’au fil des années, on observe des dissensions entre la constance du désir masculin et l’affaiblissement du désir féminin, notamment à la parentalité : l’inégale répartition des tâches domestiques et de la prise en charge des enfants dans le couple pouvant se manifester par un relatif désinvestissement des femmes dans la sexualité. Les rapports extraconjugaux pouvant apparaître comme une alternative aux hommes acceptant mal la baisse d’activité sexuelle inhérente à l’érosion
de la vie de couple.
Quelles sont les femmes les plus enclines à tromper leur partenaire ?
Un profil social et culturel se détache chez celles qui sont plus enclines à franchir le pas. Elles sont plutôt cadres et professions intellectuelles supérieures. Cet écart à la moyenne reflète l’influence des positions sociales dans la disposition à l’infidélité aussi bien au regard de la possibilité de s’écarter des normes dominantes que des opportunités de rencontre dans la mesure où les milieux professionnels impliquant une forte mobilité ou des rencontres fréquentes favorisent généralement un renouvellement des partenaires plus élevé. Il existe aussi un « effet métropole » en matière d’extraconjugalité, qui s’explique par plusieurs facteurs : le nombre de possibilités de rencontres plus élevé dans les grandes villes, la grande liberté d’action qu’offre l’anonymat.
32 % des célibataires n’excluent pas d’être infidèles, de même que 41 % des femmes qui se déclarent insatisfaites de leur vie sexuelle. On note également que la disposition d’une femme à être infidèle est d’autant plus forte que sa vie sexuelle est intense : en effet, 45 % des femmes comptant plus de 10 partenaires sexuels au cours de leur vie pourraient être infidèles, contre 13 % des femmes qui n’ont eu qu’un seul partenaire. Les femmes qui ont déjà été infidèles sont prêtes à renouveler l’expérience : celles qui ont été infidèles à plusieurs reprises (59 %) ou une seule fois (43 %) au cours de leur vie n’excluent pas de l’être à nouveau…
* Étude réalisée en partenariat avec Femme Actuelle pour le site Daylov.