Les femmes ne représentent que 10 % des pompiers volontaires dans le Loiret. 3 % seulement ont le grade de sous-officier. Malgré les évolutions, les luttes, les avancées, parfois même les lois, les faits sont là : être une femme dans un milieu d’hommes est, encore aujourd’hui, difficile.
Martine Mascart fait partie de ses 3 %. À 46 ans, elle est sergent à la caserne de Bou-Mardié. Pompier volontaire, elle a commencé il y a douze ans, après le passage des soldats du feu chez elle pour la vente du calendrier de l’année. Une rencontre banale pour une histoire qui ne l’est pas ; employée à la mairie d’Orléans, elle a deux enfants et cumule de nombreuses activités. « Au début, ça a été assez facile. J’étais la toute première femme pompier volontaire dans l’histoire de la caserne. Alors forcément, j’étais chouchoutée », reconnaît-elle dans un sourire. Elle a dû tout de même affronter des clichés, notamment pour la vaisselle à la caserne. Mais Martine n’est jamais rentrée dans le jeu de ses camarades et a su ainsi s’imposer.
Une femme qui monte, dérange
Barbara et Laure, respectivement âgées de 20 et 19 ans, ont quant à elles passé cette année leur premier été comme sauveteuses en mer, l’une près de Cannes, l’autre à Lorient. Et toutes deux ont été très bien accueillies au sein de leurs équipes. Barbara explique : « Il n’y avait pas de concurrence entre les hommes et les femmes, pas de compétition, pas de moquerie. On était tous solidaires ; on se donnait des coups de main. » Et Laura de renchérir : « Dans mon équipe non plus, il n’y avait pas de compétition. Pour ma part, je suis beaucoup plus fière d’avoir obtenu le diplôme de sauveteur que d’être meilleure qu’un homme. » Une ambiance d’entraide et de respect qui, selon Martine, peut s’atténuer une fois que l’on prend du grade. Chez les pompiers, les choses se sont ainsi compliquées quand elle a passé les formations pour devenir sergent : « J’ai rencontré des pompiers, notamment professionnels, qui ont plus d’expérience et qui viennent de plus grosses casernes. Et là, il y a des machos. Ce n’est pas la majorité, mais certains hommes – surtout des jeunes, d’ailleurs – pensent que ce n’est pas la place des femmes. » Une femme qui monte, ça dérangerait donc encore…
Confiance, organisation et fierté
Martine n’a pourtant jamais reculé. « Il faut avoir le moral et faire encore plus ses preuves quand on est une femme. Mais je suis fière ; j’ai trouvé ma place dans un monde d’hommes. Je suis fière de ça, de faire partie de cette famille, et de porter l’uniforme. » De la fierté, donc, mais également de la confiance et de l’assurance pour Martine, comme pour Barbara et Laura : « En plus, c’est très enrichissant, il y a une vraie ouverture d’esprit. Et puis, maintenant, on voit la mer différemment ! Quand on part en vacances, on ne peut pas s’empêcher de surveiller les gens ! » expliquent les deux sauveteuses. Le reste, pour Martine, c’est de l’organisation : le travail à la mairie, la caserne, l’amicale des pompiers, la vie de famille… : « C’est une question de priorité », résume-t-elle.
Entre les mains de la jeune génération
Aujourd’hui, elle travaille même à la caserne avec ses deux filles, devenues à leur tour pompiers volontaires : « Elles savent qu’il faut se battre, qu’on n’a rien sans rien, alors elles ne se laissent pas faire. Elles sont pires que moi ! » En espérant que les femmes de la jeune génération, à l’image des deux filles de Martine, de Barbara ou de Laura, arrivent ainsi à mettre à mal les clichés, les différences et les réflexions sexistes qui persistent. Ce combat inspire le respect, comme le dit Pascale, la meilleure amie de Martine : « Ce qu’elle a fait, c’est trop beau… »