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Fessée 
or not Fessée ?

La fessée a fait son entrée au printemps sur la scène du Conseil de l’Europe lors d’un débat sur son interdiction. Et en France ? Pas si simple…

À l’heure du trentième anniversaire de l’abolition de la fessée en Suède et en écho à la Journée internationale contre la fessée et les violences éducatives du 30 avril, le Conseil de l’Europe a organisé à Strasbourg un débat international sur l’interdiction de la fessée, en partenariat avec l’ONG Save the Children. L’institution souligne que « l’intérêt pour cette question a été ravivé par les travaux de recherche de l’Université de Tulane, à La Nouvelle-Orléans, dont il ressort que les enfants à qui l’on administre plus souvent la fessée à l’âge de 3 ans sont plus prompts à l’agressivité à l’âge de 5 ans ». Une campagne de communication « Levons la main contre la fessée… » a été mise en place à travers spots télévisés, conférences et slogans. Une pétition initiée par le Conseil de l’Europe pour interdire l’usage des punitions corporelles à l’égard des enfants a été lancée et signée par des personnalités telles que Claudia Cardinale, le prince Felipe de Bourbon, Mikhaïl Gorbatchev ou la reine Silvia de Suède. Le Conseil de l’Europe avait déjà appelé ses membres à interdire cette pratique jugée violente en 2008. Vingt pays européens sur quarante-huit l’ont déjà prohibée et une dizaine ont promis qu’ils suivraient.

Légiférer contre la fessée

Selon un sondage Sofres réalisé en 1999, plus d’un parent français sur deux avoue donner des fessées à son enfant. Une exception à la française ? La France a pourtant inscrit dans son code pénal l’idée que toute violence exercée par un majeur contre un mineur doit être plus lourdement punie que si la même violence est exercée contre un autre majeur. Faut-il ou non en passer par une loi pour interdire de donner la fessée aux enfants ? La députée UMP de Paris et pédiatre Edwige Antier a déposé une proposition dans ce sens. « L’enfant a droit à une éducation non violente. Aucun enfant ne peut être soumis à des châtiments corporels ou à toute forme de violence physique », stipule son article unique. Sa qualité de pédiatre pose le débat sur un terrain approprié et l’engage dans une réflexion de professionnels. Pédiatre et spécialiste des relations intrafamiliales, Aldo Naouri considère que les châtiments corporels sont « attentatoires à la dignité de l’enfant », mais prétend que l’État n’a pas à s’immiscer dans la sphère familiale en interdisant la fessée. On peut rétorquer que la maltraitance des enfants déborde largement le cadre de la famille et engage toute la société. Le pédopsychiatre Marcel Ruffo, qui développe par ailleurs d’excellents arguments contre la fessée, refuse qu’on légifère et préfère qu’on « explique » plutôt qu’on interdise, posant la question de la frontière entre le public et le privé, voire l’intime.

Éduquer sans frapper

Est-il normal de taper un enfant d’un an qui lance des objets par terre ou qui prend un bonbon dans un magasin alors qu’à cet âge, il ne comprend pas le concept de vol ? Dans un livre intitulé La Fessée, Olivier Maurel dénonce cette forme de violence éducative. Le fondateur de l’Observatoire de la violence éducative ordinaire est convaincu que « la violence des adultes prend ses racines dans la violence subie par les enfants ». Car la base de l’éducation n’est pas la violence : gifles et corrections ne sont pas indispensables, elles ne rendent pas les enfants plus obéissants et n’améliorent pas les apprentissages. Il est possible d’éduquer en posant des limites à ses enfants, avec respect et amour. L’intensité de la fessée est aussi à prendre en compte : si une petite claque remet les idées en place, une déculottée ne sert à rien, à part humilier l’enfant et soulager ses parents. L’objectif d’Edwige Antier est d’inscrire son interdiction dans le Code civil et non plus seulement dans le Code pénal. Le Code civil englobant le droit de la famille, cette position permettrait d’établir une frontière avec les violences graves et de faire avancer le combat contre la maltraitance. Faire évoluer les mentalités et promouvoir une éducation positive et non-violente, voilà un programme qui va demander une large part de sensibilisation !

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