Le magazine féminin des Orléanaises (depuis 2010)

François Bauer Haut de gammes

C’est l’un des spécialistes du piano à Orléans. Le fruit d’un héritage complexe, qu’il nous raconte sans fausse note.

 

L’entendre, c’est sourire : s’il dit avoir toujours eu une excellente oreille, François Bauer a aussi l’art de mettre ses mots en musique. L’écouter parler, c’est voyager à travers les époques, de celle de son arrière-grand-père, émigré tchécoslovaque venu en France à la fin du XIXe siècle, à celle de son père, Gérard, arrivé à Orléans en 1970 pour reprendre le magasin de musique d’un certain monsieur Thévenot. L’aïeul œuvrait dans la fabrication d’instruments à vent : plus d’un siècle après, François, qui accorde et loue des pianos place Sainte-Croix, parle donc volontiers d’ « atavisme ». Il y a quelque chose qui vient de loin, et ce n’est pas qu’une impression. Même si cette filiation n’est pas aussi simple à assumer qu’il y paraît : « J’ai été bercé dans ce monde, mais croyez-le, ce n’est pas toujours facile d’être à la tête d’une entreprise créée par ses parents. » Bien qu’il ait suivi une voie formelle en décrochant un diplôme « officiel » d’accordeur de piano au Mans, François Bauer préfère mettre en avant l’« apprentissage continuel » d’un métier qu’il a découvert auprès de son père, « sévère sur la rigueur et la discipline de travail ». Amoureux de pêche et de bon vin, François n’aime pas les choses figées. En 2009, il prit ainsi le risque de participer à une formation spécifique, au Japon, dans le saint des saints des pianos, la Yamaha Technical Academy. Au bout d’un mois, il décrochait un « Certificate of Achievement », qu’ils ne sont que 300 à avoir obtenu dans le monde. Plus que le bout de papier, c’est l’expérience dans sa globalité qui bouleversa ce grand sensible : « Professionnellement, ils veulent la perfection. Et humainement, j’ai pris une claque. Il y avait là-bas une sagesse et une plénitude vraiment incroyables. »

 

 « Je suis en permanence de permanence »

François Bauer est un émotif qui n’a pas perdu la clé des songes. Petit, il voulait être pilote ; aujourd’hui, il glisse « avoir toujours les yeux qui se lèvent au ciel »… Et quand il évoque la relation qu’il noue au piano, il verse dans la confidence. « C’est un instrument qui vous écoute. Il ne parle pas, mais il est plein de vibrations profondes. » Tout n’est pourtant pas qu’amour, ou alors un peu vache sur les bords : « J’ai commencé à livrer des pianos à l’âge de 16 ans et aujourd’hui, j’ai le dos un peu esquinté ». Pour lui, d’Orléans Jazz au festival de Sully-sur-Loire, le printemps sera chargé. Il vivra la période intensément et croisera les doigts, « comme tout artisan, pour ne pas tomber malade… ». Il réalisera ses trois, quatre, voire six accords quotidiens, qu’il peaufinera dans l’ombre, le silence et la concentration. « Être seul avec son instrument, cela a un côté magique », conclut-il. Aucun lapin n’est pourtant jamais sorti d’un piano.

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