Le magazine féminin des Orléanaises (depuis 2010)

François Ferrière se met à la page

Marin dans sa jeunesse, François Ferrière, sentant le vent tourner, a posé pied à terre à Orléans, où il s’est installé en 1982 en tant que relieur. Dans sa partie, les artisans se font rares. Le secret pour durer ? Utiliser des outils modernes, proposer ses services sur le web…
Sébastien Drouet

Àdeux pas de la cathédrale, l’atelier du relieur a fière allure. Sitôt la porte d’entrée franchie, le visiteur est plongé dans l’ambiance. Les livres ici se comptent par dizaines ; tous ont passé, ou vont passer, entre les mains du spécialiste. Livres neufs qu’il s’agit de relier, ouvrages plus ou moins anciens, abîmés par le temps, qui nécessitent d’être restaurés, consolidés, refaits parfois, à grands renforts de cuir, toile, papier… Une activité embrassée passionnément par François Ferrière qui se destinait au départ à une autre profession. Rien à voir avec les lettres. « Après le bac, j’ai fait mon service et je suis resté cinq ans dans la marine marchande. On était dans les ports pendant dix jours, puis il fallait transporter des containers. À l’époque, il y a eu des grandes grèves, l’histoire du France… » Sans insister sur cette partie de sa vie, François Ferrière laisse entendre qu’il était temps pour lui de trouver autre chose. Il était jeune. Le hasard – l’atelier d’un relieur situé en face de l’appartement d’un copain, chez qui il résidait à Paris – va le mettre sur la bonne voie. « J’ai commencé chez lui, dans le 14e. Ce qui m’a plu, c’est qu’il y avait toujours des choses à apprendre. » Et à transmettre, ce que notre homme ne se prive pas de faire aujourd’hui : dans un coin de la boutique, une stagiaire de l’ESAD s’escrime avec une machine à découper le papier. Cela fait partie de sa formation globale, mais elle ne se destine pas spécifiquement au métier qui nécessite l’obtention d’un CAP. Quoi qu’il en soit, la reliure est en souffrance : « Il y a de moins en moins de relieurs, regrette M. Ferrière, qui compte parmi ses clients la bibliothèque de l’Assemblée nationale et le ministère de l’Intérieur. Les bibliothèques n’ont plus les crédits nécessaires à la restauration de leurs livres, par exemple. » Sans omettre le fait que le numérique détruit le secteur, dans son ensemble.

Néanmoins, des livres, il en reste, notamment ceux auxquels on tient ; qu’ils aient une valeur historique ou simplement sentimentale : « Le cadeau donné par le grand-père, le bouquin de cuisine de la grand-mère. » C’est là que le relieur intervient, pour faire durer l’ouvrage, pour continuer l’histoire. Éviter que le livre ne se referme à jamais.

9, rue Pothier, à Orléans – reliure-ferriere.fr

Sébastien Drouet

Bio express

  • 30/12/1957 : naissance à Poitiers
  • 1976 : bac, service et marine marchande
  • Début des années 80 : apprentissage du métier à Paris
  • 1982 : installation à Orléans

 

Concession à la modernité

Dans l’atelier, on remarque un grand tableau avec des lettres utilisées pour apposer les dorures. Mais il y a aussi des outils plus modernes, des machines à relier qui permettent de gagner du temps – et donc, pour les clients, de l’argent – tandis que François Ferrière a créé un site web qui permet de faire un devis en ligne. Utilisé à bon escient, Internet peut donc donner du grain à moudre aux professionnels des métiers d’art !

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