Figure du figuratif, l’artiste-peintre François Legrand se partage entre Paris et les confins de la Beauce. C’est là, au nord-est d’Orléans, que nous l’avons rejoint, dans l’atelier où ses tableaux sont entreposés par centaines…
Sébastien Drouet
Si, dans votre esprit, l’image que vous vous faites d’un artiste est celle d’une personne concentrée sur son œuvre, au milieu de toutes ses toiles et de son matériel, dans un vaste atelier désordonné d’où descend, du plafond de verre, une douce lumière printanière, alors… vous avez frappé à la bonne porte. Celle de François Legrand en l’occurrence, qui chaque fin de semaine, quitte Paris et rejoint la maison qu’il possède depuis 1973 en pleine campagne, dans les environs d’Orléans, non pas pour se reposer, mais pour continuer à peindre.
Des tableaux, dans son atelier, il y en a partout, de toutes les tailles. « Je ne sais pas comment font les sculpteurs, ce doit être infernal », sourit notre hôte. Le plus imposant, en chantier, représente un Radeau de la Méduse revisité, avec des naufragés qui ne sont autres que des réfugiés actuels. Un sujet qui interpelle notre homme, particulièrement sensible à la question, à la vie des SDF plus généralement, rejoignant là son fils Augustin (lire l’encadré) : « J’ai fait une série de portraits il y a quelques années, des SDF parisiens qui sont tous venus poser dans mon atelier. C’était fort. Je n’ai pas joué le côté misérabiliste, les gens étaient contents de poser, fiers. » Même s’il avoue avoir envie de s’en éloigner, c’est encore à Paris que François Legrand vit une bonne partie du temps. « Plein de choses se font là-bas. Je suis notamment vice-président de la fondation Taylor, qui vient en aide à des artistes, je donne des cours aussi, depuis presque un an. C’est bien de transmettre ce qu’on a appris… » Mais il y a avant tout la peinture, la création. Et donc les expositions. La dernière, organisée à Étampes dans trois lieux différents, vient de s’achever. Une autre arrive, à la collégiale Saint-André de Chartres (du 24 juin au 28 août), avant le Musée des Beaux-Arts d’Orléans, « bientôt. Mais bon, c’est prévu depuis trois ans ! » À Chartres, toute la palette du Beauceron fier de l’être sera représentée : paysages, portraits, natures mortes, essentiellement. Le secret de son inspiration ? « Tout ça se fait en même temps. Tu bosses sur quelque chose, et il y a un rayon de soleil dehors, tu sors, tu vois le paysage, alors tu peins le paysage. Ça se passe comme ça. Mais l’inspiration vient en travaillant. Si tu attends qu’elle vienne toute seule, tu risques d’attendre longtemps ! »
www.francois-legrand.com
Bio express
25 juillet 1951 : naissance à Étampes
1973 : installation dans le Loiret
1974-1978 : enseignant à l’Institut d’Arts visuels d’Orléans
1995-2011 : partage son temps entre la France et l’Espagne
2018 : rétrospective à Étampes
Au nom du fils
François est père de six enfants, dont Augustin Legrand, acteur, militant pour le droit au logement, cofondateur de l’association Les Enfants de Don Quichotte, qui s’est fait connaître en installant une centaine de tentes au bord du canal Saint-Martin à Paris, en décembre 2006 : « On ne peut pas rester indifférent à toute cette misère, nous confie son père. Je ne suis pas politique, je n’ai pas de solution, mais ça empêche de dormir… »
Un long détour par l’Espagne
Dans la géographie personnelle de François Legrand, parmi les lieux où il vit ou a vécu, il y a l’Orléanais, Paris… et l’Espagne où, parti pour réaliser le portrait d’une riche Espagnole, il y est resté plus longtemps que prévu : 16 ans ! Les yeux du modèle étaient trop beaux pour résister…
Gars de la Marine
François Legrand est peintre officiel de la Marine depuis 2015. Son travail consiste a priori à immortaliser des scènes de bateaux militaires. « J’ai été invité à bord du Belem et de l’Hermione, ce qui n’a rien à voir avec l’armée. Avec l’Hermione, j’ai fait Brest-Bordeaux, c’était génial. » Il est aussi peintre officiel de l’armée. « Alors que je n’ai pas fait mon service militaire », s’amuse-t-il.