On a beau lui coller toutes les étiquettes possibles et imaginables, aucune ne tient : le PDG du groupe Articque se fait un malin plaisir de les arracher une à une. Dans quelle case mettre cet électron libre, revenu de tout, même de l’enfer ?
Pour un entrepreneur, l’enfer a parfois pour nom Tribunal de Commerce. Georges-Antoine Strauch, dit « GAS », a bien connu cet endroit où, en 1994, sa société s’est retrouvée placée en observation. Aujourd’hui, s’il peut sourire de sa mésaventure désormais lointaine, il n’oublie pas pour autant qu’il a failli ne jamais remonter à la surface. Alors que tout avait si bien commencé… Fils d’un épicier de Lannion, à une époque où les épiceries fermaient les unes après les autres, élève doué une fois passé le collège, bachelier C puis étudiant en économie, le jeune Georges-Antoine Strauch se passionne pour un domaine encore balbutiant à l’époque : l’informatique. « Je suis tombé sur un Macintosh alors que je participais à un salon au milieu des années 1980. Ce truc, c’était une avancée énorme. J’en voulais un ! Mais ça coûtait 27 000 francs… J’ai emprunté et j’en ai acheté trois à moitié prix. Puis j’en ai revendu deux. » Touché par le virus de l’ordinateur et de l’entreprise tout en étant étudiant, Georges-Antoine se lance. Il enseigne (pas longtemps), crée une première entreprise en Bretagne, la cède, arrive à Tours où il se fait embaucher comme directeur commercial chez Sélectron, et peaufi ne un projet : la création d’un logiciel de cartographie. Dans les années 90, la conjugaison de deux facteurs – mise sur le marché de ce logiciel performant et percée d’Internet – va permettre à Articque de s’envoler… malgré l’énorme escroquerie qui a valu à GAS de passer plusieurs saisons en enfer. Sa force de caractère va le tirer de là. « Comme je l’avais promis au tribunal, on va tout rembourser, en ayant des avanies pas possibles », se souvient-il. Sans oublier les coups de stress, d’autant plus forts qu’il était déjà père de trois enfants : « Pendant dix ans, nous avons vécu des trucs de fou. Heureusement, les clients ont été extraordinaires. »
Un temps d’avance
À présent, le groupe basé à Fondettes affiche un chiffre d’affaires de 8,5 millions d’euros. Cherchant toujours à innover, son infatigable président vient de déposer le brevet de l’iMeuble, qui permet de comptabiliser en temps réel les produits présents dans un rayon, de voir ceux qui plaisent le mieux, d’interagir avec les smartphones des clients, etc. On prédit un grand succès à ce nouveau matériel. En attendant, passé par tous les stades de l’entrepreneuriat, infl uencé par le charisme et la vision d’un Steve Jobs – l’emblématique fondateur d’Apple – qu’il a rencontré en 1992, Georges-Antoine Strauch, patron « unique » comme il se qualifi e lui-même, « anar de droite » revendiqué – mais surtout pas « écolo » ni « catho » comme il l’a lu parfois –, a dressé une liste des principes à appliquer, quand on est chef d’entreprise, pour gérer au mieux son affaire : ne jamais se donner à 100 % (mais plutôt à 80), ne jamais réagir à chaud, etc. Un vrai discours de la méthode. Vu son parcours, on ne mettra pas en cause la légitimité de son auteur…