Au début d’une relation, on se désire, on se découvre, et on partage ses joies… Du pur plaisir ! Mais comment en faire une (belle) histoire qui dure longtemps ? La psychologue clinicienne, thérapeute familiale et de couple à Orléans, Christine Léon-Guerin, a répondu à nos questions.
Tout doit être beau, alors on passe outre les petits travers de l’autre… On nage dans le bonheur et on se dit : « On verra plus tard, il changera. » Mais vient le jour où l’on prend conscience qu’on ne pourra pas transformer son partenaire… Alors on le lui reproche et on finit par ne plus voir que ses défauts. La tolérance des débuts est remplacée par l’agacement et une certaine forme de lassitude. À force de ne plus discerner les qualités de l’autre, on perd peu à peu sa complicité ainsi que son intimité affective et sexuelle. Après plusieurs années de vie commune, certains partenaires ne fonctionnent plus que par habitudes. Installés et reconnus en tant que « couple », ils laissent s’envoler la séduction et le plaisir : « Je vois des femmes en consultation qui n’arrivent pas à faire le deuil de leur couple , souligne ainsi la thérapeute, parce que le couple est un support identitaire important. »
La vie à deux est-elle une garantie de bonheur ?
Parfois, le mariage semble avoir entériné l’idée de la durée du couple et certains ne font plus d’efforts. Les fondements du couple sont très importants en consultation, nous commençons par là.
L’union était-elle un choix de chacun, ou sous influence de la famille ? Etait-elle due à la venue d’un enfant ? Bref, comment s’est-elle construite ? En répondant à cette question, on comprend mieux la relation. La vie à deux implique des changements, ce qui entraîne pour chacun des gains et des pertes. Il faut concilier deux modes de vie différents, ce qui demande à l’un des deux de changer radicalement d’environnement. Quelquefois, le choc des cultures est inévitable… Alors, est-on prêt à certains sacrifices sans en vouloir à l’autre ?
Qu’est-ce qui caractérise un couple ?
Le fondement d’un couple se mesure sans aucun doute à son degré d’intimité, à sa façon de se toucher, de donner de la tendresse… L’ intimité intellectuelle et sexuelle fonde aussi la complicité. Si on ne doit pas se limiter à une « entreprise » familiale, on doit aussi avoir les mêmes valeurs éducatives, car il y a le couple conjugal, mais aussi le couple parental, avec des effets interactifs.
Nous sommes successivement imprégnés par les relations de couple antérieures, mais aussi par le modèle de nos parents, ce qui donne des codes et un langage familial propres à chaque individu. Dans certaines familles, on se touche, on s’embrasse, on parle fort. Dans d’autres, au contraire, on est calme et on exprime peu ses sentiments. Cela peut créer des incompréhensions : il est donc très important de communiquer afin de désamorcer un conflit qui risque de rejaillir plus tard.
Le travail transgénérationel offre une meilleure compréhension de l’histoire de l’autre : on peut ainsi redonner du sens à son ressenti et mieux s’accorder. L’ empathie pour son conjoint permet de donner un autre sens aux attitudes de l’autre, et de passer à des degrés supérieurs dans sa relation avec lui.
Quels conseils donner à un jeune couple ?
Communiquer et échanger pour ne pas devenir seulement une famille. Un couple sans turbulences n’existe pas, il doit chercher des solutions et savoir ce qu’ils aiment et ce qu’ils veulent partager. Pour durer, un couple doit être nourri d’attentions (un bouquet de fleurs, un bon dîner, une surprise, un coup de téléphone juste pour dire qu’on pense à l’autre…). L’évolution du couple se fera en fonction de sa capacité à surmonter les obstacles et les crises. Pour résister aux usures du temps, un couple doit être en mesure de trouver des solutions, de se transformer, et de se remettre en question, car la rigidité est un frein.