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Ida Lupino l’engagée

Actrice à la personnalité très affirmée, Ida Lupino a réalisé 7 films de 1949 à 1966, l’imposant comme pratiquement la seule réalisatrice à Hollywood de cette époque.

Née en 1918 à Londres, Ida Lupino tourne très vite en Amérique, notamment sous la direction de réalisateurs aussi prestigieux que Raoul Walsh, Fritz Lang ou Nicholas Ray. D’un tempérament très affirmé, elle refuse de nombreux rôles, quitte à compromettre sa carrière d’actrice. Productrice et scénariste, elle devient réalisatrice en 1949, pour le compte d’un studio indépendant. Ses choix de sujets montrent son engagement pour évoquer des problèmes de société, traités de manière réaliste, empathique et humaine, rejetant tout manichéisme. Dans ses premiers films, elle s’attache notamment à des portraits de jeunes femmes maltraitées par la vie, qui ne pourront que s’en sortir par elles-mêmes. C’est le cas dans Avant de t’aimer (1949), avec un personnage de fille-mère, dans Faire face (1949), avec une héroïne atteinte de poliomyélite ou encore dans Outrage (1950), autour d’une jeune femme victime d’un viol. Autant de sujets audacieux pour l’époque, qui plus est réalisés par une cinéaste, denrée quasi inexistante à l’époque à Hollywood. C’est pourtant avec un personnage masculin, celui de Bigamie (1953), plongé dans une situation inextricable, qu’Ida Lupino s’affirme le mieux, réussissant un formidable portrait nuancé et un remarquable suspense (le bigame sera t-il condamné ou non ? Le film s’achève avant la décision du juge). Si Ida Lupino ne remet pas fondamentalement en cause la société américaine, elle s’attache cependant à en décrire la dureté et les failles, se rangeant délibérément du côté des victimes, des femmes et des hommes plutôt ordinaires, frappés par un destin contraire. Seul entorse à la règle : Le voyage de la peur (1953), récit glacial de la cavale meurtrière d’un tueur en série, bien avant que le terme ne soit utilisé. À partir du milieu des années 50, Ida Lupino réalise pour la télévision, avec une seule exception : Le dortoir des anges (1966), qui est loin de valoir ses films précédents. Elle poursuivra sa carrière d’actrice jusqu’au milieu des années 70 avant de disparaître des écrans et de mourir en 1995. La revalorisation de son œuvre de cinéaste est très récente : ses films, un peu oubliés, ont fait l’objet d’une ressortie sur les écrans au cours de cette année 2020. Il était temps.


Alain Souché

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