Le magazine féminin des Orléanaises (depuis 2010)

Jean-Pierre Griveau connaît les bons tuyaux

L’organiste titulaire de la cathédrale d’Orléans mesure sa chance de pratiquer son art sur deux orgues* classées et récemment restaurées. Mais le musicien émérite ne joue pas que dans la cité johannique, et ne se limite pas aux seules messes… Sébastien Drouet 

Aristide Cavaillé-Coll, vous connaissez ? Lui, si : Jean-Pierre Griveau pourrait parler des heures du plus grand facteur d’orgue du XIXe siècle, dont deux instruments, classés aux Monuments historiques, sont conservés en parfait état – ils ont été restaurés de fond en comble il y a neuf ans – à la cathédrale d’Orléans. Un orgue de chœur de 1846, et un grand orgue conçu à l’origine en 1631, reconfiguré par Cavaillé-Coll en 1880 « pour du symphonique XIXe siècle, mais avec une clarté, une élégance, qui permet de jouer du baroque. Je conduis des visites au cours desquelles je lève le mystère sur cet instrument que l’on ne voit habituellement qu’en partie. Là, on entre dedans, c’est impressionnant. Tout est visible, il est très spacieux. » D’ailleurs, notre homme a été filmé, en action, et jouant l’une de ses compositions, pour un coffret CD/DVD consacré au grand facteur d’orgue. Primé par la télévision anglaise, please ! Il faut dire que les récompenses, Jean-Pierre les collectionne : sept premiers prix au Conservatoire de Toulouse, que ce natif des Landes a rejoint après avoir découvert la musique au collège (oui, c’est possible !), en sixième. « Je jouais du clavier, de l’harmonium, mais les circonstances m’ont amené à accompagner à l’orgue des chorales dans les églises, puis je me suis spécialisé dans cet instrument à mon entrée au Conservatoire. » Une fidélité à toute épreuve, à l’orgue en général, mais pas à un orgue en particulier : ce dernier a en effet la spécificité d’être intransportable. C’est au musicien de s’adapter à celui qu’il découvre dans une église. Selon la sonorité, il concoctera un répertoire idoine. « Il y aura du Bach, forcément, sourit notre homme. Bach est fait pour tous les instruments, il sonne très bien aussi sur un accordéon ou un xylophone ! » Musicien reconnu dans sa spécialité, professeur d’écriture au Conservatoire d’Orléans, directeur artistique du festival « Au son des orgues » (chaque dimanche d’été à la cathédrale Orléans, 4 à 5 000 spectateurs au total), compositeur, Jean-Pierre Griveau, en plus, s’exporte : le Japon, la Slovaquie, l’Italie lui réservent le meilleur accueil. Là-bas non plus, on ne tire pas sur l’organiste !

 

Bio express 

8 juillet 1968 : naissance à Mont-de-Marsan (Landes)
1986-90 : élève au Conservatoire de Toulouse
1992-97 : professeur à la Réunion
1998 : professeur au Conservatoire d’Orléans
2001 :  titulaire des orgues historiques Cavaillé-Coll de la Cathédrale d’Orléans
2013 : devient directeur artistique du festival international d’orgue d’Orléans

 

La musique, c’est du sport !

Jean-Pierre compare facilement sport et musique, ou en tout cas sportifs et musiciens : « C’est la même chose, la technique, l’entraînement, le fait de se connaître parfaitement, de se maîtriser, de se surpasser. » Notre musicien pratique le vélo et la course à pied ; il a même participé au premier marathon d’Orléans, avec l’inauguration du pont de l’Europe !

 

Dans son casque

… il n’y a pas que du baroque, du classique ou du liturgique : « J’écoute un peu de tout, j’aime quand ça sonne. Mais aussi les chansons à texte. Je viens de découvrir Allain Leprest, par exemple. C’est superbe ! » Avis ô combien partagé par votre serviteur…
www.jeanpierregriveau.com

 

Pourquoi Orléans ?

Après Toulouse, Jean-Pierre a cherché à se rapprocher de la région parisienne. Orléans l’a vu arriver assez vite, avant un séjour de cinq ans sous les tropiques (Conservatoire de La Réunion). « Je revenais jouer l’été dans la métropole. Jean-Marc Cochereau, alors directeur du Conservatoire d’Orléans, m’a proposé un poste d’enseignant ici. » Depuis, il est lui-même une figure culturelle orléanaise, et même régionale.

*Le mot « orgue » a la particularité d’être masculin au singulier et féminin au pluriel. Comme « amour » et « délice »…

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