Un débit de paroles en allegro vivace : Kristell ne pouvait trouver mieux que l’âme de l’alto et la vitalité de Tchaïkovski pour coller à sa personnalité. Elle décrit son quotidien, cadencé par le plaisir d’enseigner et la musique d’ensemble.
Avez–vous décidé vous-même de devenir musicienne à huit ans, ou était-ce un choix de vos parents ?
Petite, je disais toujours que je deviendrais prof de violon. J’ai découvert la musique grâce à mes parents, puis le déclic s’est réellement produit au fil des rencontres avec mes professeurs, et surtout vers 15 ans, quand je participais l’été au festival de Loches avec l’Orchestre régional des jeunes du Centre.
Êtes–vous accro à l’alto ?
Au lycée, dès que je n’avais pas cours, je filais au conservatoire. La musique, c’est 90 % de ma vie. Cela dit, j’ai déjà passé un mois entier sans jouer, c’est agréable de s’arrêter de temps en temps.
Quelle est votre relation à votre instrument, en tant qu’objet ?
J’ai mon alto depuis quinze ans et j’y tiens beaucoup, il fait partie de moi-même. Mais je n’ai pas d’attachement fusionnel à l’objet. Il m’arrive d’ailleurs d’essayer d’autres timbres, d’autres sensations.
À quoi ressemble votre journée type ?
Il n’y a pas deux journées pareilles, et c’est ce qui me plaît. Le plus souvent, j’ai des répétitions le matin, et je donne mes cours l’après-midi. C’est vrai que je suis en horaires décalés, avec les concerts le week-end et le soir, surtout avec l’adrénaline qui m’empêche de m’endormir. Mais ça me va, car c’est mon rythme naturel. Et la plupart de mes amis sont aussi musiciens.
Quelle est votre discipline de vie quotidienne ?
Quitte à vous décevoir, je ne me lève pas deux heures plus tôt chaque matin pour faire mes gammes ! Mon travail est différent d’un soliste.
Comment gérez-vous le trac ?
En orchestre, je ne l’ai pas, mais jouer toute seule, c’est une épreuve. La musique d’ensemble m’aide, car je me sens soutenue par le groupe. Et avec le temps, j’ai appris à refuser ce qui me donne trop de pression.
Voyagez–vous beaucoup ?
Une fois par an, je vais en Inde du Sud, où un professeur m’enseigne la musique traditionnelle, très différente de la nôtre.
Que ressentez-vous à la fin d’une représentation, au moment des applaudissements ?
Ce n’est pas ce que je préfère. Le vrai bonheur, le véritable échange, c’est quand je suis en train de jouer, et que je ressens, même sans le voir, que le public vibre avec nous.