Partant du constat que la santé auditive des jeunes s’aggrave, l’association JNA (Journée Nationale de l’Audition) s’intéresse aux solutions pour éviter les comportements à risques. Voici les résultats de l’enquête* réalisée auprès des jeunes et de leurs parents.
Les jeunes vivent dans le bruit et plus précisément « avec le bruit ». Il fait partie de leur quotidien et de leur univers. L’absence de bruit est considérée comme « anormale », voire « angoissante ». Certains évoquent même que le silence s’apparente à la nuit et à la mort. Le bruit, pour eux, est donc rassurant. Le bruit revêt une forte composante émotionnelle qui va déterminer la différenciation entre bruit et son. « Les problèmes d’audition, c’est pour les vieux », et donc cela ne les concerne pas à leur âge. Les jeunes agissent uniquement lorsque c’est grave. Selon eux, comme la grippe, cela peut passer tout seul. Et disent-ils, « les problèmes d’audition, ça ne tue pas… » Près d’un jeune sur deux déclare ne pas s’inquiéter de son capital auditif et pour 28 %, les gestes de prévention représenteraient une contrainte supplémentaire.
5 pistes de prévention
Parents et jeunes ont été interrogés sur les axes pour agir. Cinq clés ont pu être ainsi identifiées :
• Un suivi régulier des capacités auditives. Parents et enfants se rejoignent à plus de 70 %.
• Une application sur smartphone pour leur indiquer tout dépassement du niveau de son acceptable. (On peut rappeler que 74 % des Français ne sortent jamais sans leur portable.)
• Des campagnes de communication « choc » à « l’anglo-saxonne ». Les jeunes souhaitent des messages représentant la douleur et le choc émotionnel. Des campagnes qui les touchent dans leurs émotions au-delà des messages intellectuels. Des témoignages de jeunes touchés par les troubles de l’audition, ainsi que des témoignages d’artistes sont aussi souhaités.
• Des distributions systématiques de protections auditives peuvent être une solution, mais à condition de les rendre « plus fun ». Car selon eux, les bouchons, ça fait « ringard »…
• Les professeurs de SVT et la médecine scolaire sont plébiscités par ¾ des jeunes pour leur délivrer les messages de prévention à l’école.
Les troubles de l’audition ne représentent pas une menace directe pour les jeunes. De ce fait, les messages ne pénètrent pas autant que les acteurs de la prévention le souhaiteraient. Puisqu’ils les associent à un problème de « vieux », les jeunes ne se sentent pas concernés. Aussi, selon les préconisations, il est nécessaire de leur provoquer « un choc émotionnel » pour qu’ils puissent se rendre compte de la menace et du risque auxquels ils sont exposés. Cette nouvelle compréhension de l’inertie face aux risques ainsi que de nouvelles clés pour agir, permettent de proposer de nouveaux axes d’actions afin que les programmes de prévention soient plus efficaces. Bien que les troubles de l’audition « ne tuent pas », selon les jeunes interrogés, le système auditif a ses limites et les troubles de l’audition sont irréversibles et évolutifs. C’est à cette menace qu’il s’agit désormais de donner forme et réalité.
* Enquête Ipsos (panel constitué de 600 jeunes âgés de 13 à 25 ans et 300 parents d’enfants âgés de 13 à 18 ans)
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Les durées hebdomadaires d’écoute ne doivent pas dépasser :
• 20 heures à 93 dBA (baladeur, auto-radio)
• ou 4 heures à 100 dBA (baladeur à volume maximum)
• ou encore 2 heures à 103 dBA (discothèque)