Les Français envoient en moyenne plus de 240 SMS par mois. Ces brefs messages rythment aujourd’hui nos journées, mais aussi nos amours. Propices à la confidence, ils accompagnent les débuts passionnés comme les écarts de conduite…
Content de vous adorer en silence, je jouissais au moins de mon amour ; et ce sentiment pur suffisait à ma félicité : mais cette source de bonheur en est devenue une de désespoir, depuis que j’ai vu couler vos larmes. » Ah, qu’il est loin le temps de Choderlos de Laclos ! À l’ère du SMS, la poésie des déclarations enflammées semble remisée dans un placard oublié, entre la plume d’oie, le parchemin et la lampe à huile. Difficile, il est vrai, de rivaliser avec la subtile audace d’un « J t kif tro, t libr 2min lol ». Toutefois, on aurait tort de sous-estimer le potentiel amoureux du Short Message Service. Loin de se limiter à des égarements orthographiques d’adolescent, c’est devenu le vecteur essentiel des émois naissants. Et ce que l’on y a perdu en élégance, on l’a gagné en spontanéité.
Technique d’approche
C’est par SMS que l’on tente bien souvent une timide approche, glissant que l’on est encore sous le charme de cette rencontre à la soirée de Sylvie. Un message l’air de rien, en sortant du boulot, un autre, à peine plus tendre, pour se souhaiter une bonne nuit… Peu à peu, on se dévoile et l’on se séduit, on se sent pousser des ailes et l’on gagne en assurance, avouant parfois bien plus qu’on ne le ferait de visu.
Ciment conjugal
Pour les couples plus établis, le SMS devient le complice du quotidien, l’occasion de faire un petit coucou discret tout en rappelant à l’autre qu’il faudrait acheter du pain. Peu à peu, le ton change, minauderies et compliments font place à des considérations plus matérielles. Cela ne signifie pas pour autant la mort du romantisme : les textos deviennent alors une longue conversation ininterrompue, une manière de maintenir un lien en toutes circonstances. En partageant un éclat de rire ou une vexation, on s’assure aussi que l’autre est là, soutien indéfectible face aux petits malheurs du quotidien.
Chut, un sexto !
Certains utilisent également le support pour pimenter leur relation. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le sexto ne touche pas que les adolescents : nombre de couples aiment à attiser la flamme en s’envoyant à l’improviste des photos coquines ou en partageant un fantasme par écrans interposés. Il suffit bien souvent de quelques confessions bien tournées pour éveiller le désir… D’autres vont plus loin, prolongeant ces brefs échanges écrits le temps de jeux érotiques : chacun décrit ce qu’il aimerait faire ou qu’on lui fasse, laissant à l’imagination de l’autre le soin de combler les vides… quand il y en a.
Liaisons dangereuses
Le SMS participe donc à la capacité de la sexualité à se réinventer, ce qui ne fait pas forcément de lui le meilleur ami du couple. Le flirt par SMS est devenu si commun qu’il frôle parfois l’adultère : difficile de définir la limite de l’acceptable, d’appréhender l’instant où s’arrête le jeu et où commence la séduction. D’une blague entre collègues peuvent naître des relations ambiguës. Finalement, Choderlos de Laclos n’est pas si loin : aujourd’hui encore, bien des liaisons demeurent dangereuses.
Comment draguer par sms ?
Séduire par «short message service» interposé ? Un sujet qui inspire nombre de rédacteurs si l’on en croit la profusion de pages web dédiées à cette activité. Entre les conseils, les techniques et les erreurs à éviter, les candidat(e)s au flirt virtuel (en attendant mieux…) n’ont que l’embarras du choix. Parmi les sites en question, beaucoup sont peu sérieux ou tournés vers les ados, mais quelques titres célèbres y vont eux aussi de leur liste d’astuces imparables. Par exemple, l’Express Tendances rappelle quelques points essentiels : éviter le langage sms souvent incompréhensible, faire preuve d’esprit et d’humour (mais sans aller trop loin dans les degrés), ne pas harceler l’autre personne, et rester le plus naturel possible. Comme en vrai, quoi !