DANS LE LOIRET, L’UNITÉ ÉDUCATIVE D’HÉBERGEMENT DIVERSIFIÉ RENFORCÉE (UEHDR) S’OCCUPE DE 15 JEUNES AU TITRE DE L’ENFANCE DÉLINQUANTE. ELLE DOIT NOTAMMENT LEUR TROUVER DES FAMILLES D’ACCUEIL. EN DIX ANS, MARTINE, UNE DYNAMIQUE ORLÉANAISE, A DÉJÀ HÉBERGÉ PLUS DE TRENTE JEUNES DANS SA MAISON.
Que deviennent les jeunes de 16 à 18 ans en attente d’un jugement ou tout juste jugés, quand ils sont en rupture de famille ? Dans le Loiret, ils sont quinze à être pris en charge par l’UEHDR, structure qui dépend du ministère de la Justice. Là, une équipe éducative les suit, avec pour objectif de les réinsérer dans la société en leur trouvant une place de lycée, un stage, un job et, pour vivre au quotidien, une famille où chacun va réapprendre, voire apprendre tout court, à évoluer avec les autres, en se conformant à des valeurs morales et de bon sens, loin des bandes. « Nous travaillons avec une dizaine de familles bénévoles, indemnisées à hauteur de 36 € par jour, explique Florence Wascheul, psychologue au sein de l’UEHDR. Il ne s’agit pas d’un métier, cette somme sert à payer les frais de prise en charge du jeune. » Une dizaine de familles pour l’instant, donc, mais il en faudrait davantage, pour permettre à l’équipe de choisir celle qui convient le mieux à tel profi l, tel caractère. « Les éducateurs rencontrent les personnes intéressées, puis je viens les voir, poursuit Florence. Il faut qu’il y ait suffisamment d’espace chez elles, dont une chambre pour le jeune placé. » Et toutes ont évidemment un contact régulier avec l’équipe éducative, y compris un numéro d’urgence à composer en cas de problème.
L’ERREUR EST HUMAINE
Martine, 66 ans, secrétaire retraitée et présidente d’association, ne l’a composé qu’une fois, ce numéro, pour un cas de fugue. Sinon, en général, tout s’est très bien passé avec les 33 jeunes qu’elle a accueillis en dix ans. « J’avais vu une annonce, ça correspondait à ce que je voulais faire, dit-elle. Je pense qu’on peut commettre des erreurs, mais qu’on peut aussi revenir sur les rails, à condition d’être aidé. Je leur montre une autre façon de vivre, de penser, tout en sachant que ce que je dis ne fera peut-être pas effet tout de suite… » Actuellement, c’est Richard*, âgé d’un peu plus de 18 ans, qui est chez elle, depuis le 7 septembre. Comme les autres, il restera entre six et neuf mois. Quelle bêtise a-t-il commise ? Martine ne veut pas le savoir, « ce serait stressant pour lui ». Mais certains le disent d’eux mêmes. « Généralement, ils ont commis des vols », précise Florence. Richard est une vraie satisfaction pour tout le monde : bien élevé, respectueux, il accomplit son service civil près d’Orléans et a de bonnes chances de revenir dans le droit chemin. « Il aide, ça se passe bien, sourit Martine. J’ai beaucoup d’activités, je lui propose de m’accompagner. Après, il accepte ou non. » Mais tout ne se déroule pas toujours aussi bien, évidemment. « En dix ans, il y a eu des moments difficiles, reconnaît Martine. Cela dépend du degré qu’on est prêt à accepter. C’est à nous de nous adapter. J’accueille les jeunes comme des amis, pour qu’ils trouvent la vie belle. » Une aventure humaine, avant tout.