La « Journée de la Femme », légèrement réductrice et caricaturale, est devenue au fil des ans « Journée internationale des droits des femmes », célébrée chaque année un peu partout, du moins dans les démocraties, le 8 mars. Mais a-t-elle une raison d’être ? Sébastien Drouet
Bien qu’un certain flou existe encore, la naissance de la journée consacrée aux droits des femmes remonterait à un siècle tout rond, lorsque le 8 mars 1917, les femmes de Saint-Pétersbourg, en Russie, descendirent dans la rue pour réclamer du pain, mais aussi le retour des hommes partis au combat. Une origine russe, donc, et non pas américaine, comme on peut le lire un peu partout. Ceci étant, en 1910 déjà, la femme politique allemande (par ailleurs journaliste et enseignante) Clara Zetkin avait demandé l’instauration d’une journée particulière lors de la Conférence internationale des femmes socialistes. Mais il faudra attendre 1977 pour que l’ONU autorise ses membres à célébrer le 8 Mars. Ce que la France fera à partir de 1982.
Une journée pour faire le point
Alors qu’il est de bon ton de dire – vous l’entendrez souvent – que « c’est la Journée des femmes tous les jours » ou qu’il faudrait instaurer, pour une question d’égalité, une « Journée des hommes », quelle est réellement l’utilité du 8 Mars ? Rappeler qu’il reste des combats à mener, dans notre pays (sexisme, inégalités salariales), dans certains endroits de la planète encore plus… Que des dispositions sont nécessaires pour assurer un rééquilibrage, les pressions sociétales et culturelles étant encore vives… Que « se battre pour les droits des femmes, comme l’a écrit Fabien Cazenave en 2012 dans L’Express, c’est se battre pour les droits humains en général. Le niveau d’avancée d’une civilisation se jauge souvent à la place qui est accordée aux femmes ». En fait, le 8 Mars permet de fêter les progrès, de faire le point sur la situation, et d’entendre les revendications des mouvements et associations militantes sur ce qu’il reste à réaliser.
Quelques grandes avancées récentes
• Nationales •
2006 : loi sur l’égalité salariale entre les femmes et les hommes. Loi sur la prévention et la répression des violences au sein du couple.
2012 : décret relatif à la mise en œuvre des obligations des entreprises pour l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.
4 août 2014 : loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, qui vise à combattre les inégalités dans les sphères privée, professionnelle et publique.
• Internationales •
2011 : l’Arabie saoudite est le dernier pays à légaliser le droit de vote des femmes. Enfin !
2013 : 76 pays sur 100 (certains n’ont pas été étudiés) sont dotés de lois contre les violences domestiques, alors qu’ils n’étaient que treize en 1995.
2015 : 95 % des 56 constitutions nationales adoptées depuis vingt ans garantissent l’égalité des droits.
• Locales •
2007 : ouverture à Orléans du LAE, Lieu d’Accueil et d’Écoute pour les femmes victimes de violences.
Depuis 2014 : projet régional Egal’O Centre pour résorber les inégalités au travail en se penchant sur le congé parental – la loi de 2014 ayant fait en sorte qu’il soit plus accessible aux hommes. Celui-ci a été réduit pour qu’il soit pris par les deux parents.