Le magazine féminin des Orléanaises (depuis 2010)

Le cinéaste japonais qui aimait les femmes

Crédit photo : 1960 TohoCo., Tous droits réservés

Peu de films de Mikio Naruse sont disponibles en DVD ou Blu-Ray. Les découvrir, c’est cheminer dans une oeuvre féministe, mélancolique et splendide, d’une cohérence rare.

Mikio Naruse est né en 1905 à Tokyo. Issu d’une famille modeste, il intègre en 1933 les studios de la Toho et connaît un succès commercial avec Ma femme, sois comme une rose, le premier film japonais à être distribué aux Etats-Unis. Après la guerre, il décrit des histoires de familles déchirées et adapte à l’écran de grandes oeuvres littéraires. Longtemps ignoré par la critique occidentale, de nombreuses rétrospectives dans les années 80 ont révélé l’importance de son oeuvre. Il est désormais reconnu comme l’un des quatre grands du cinéma japonais des années 50 avec Kurosawa, Ozu et Mizoguchi. Mikio Naruse s’est éteint le 2 juillet 1969.

On dit de lui qu’il était “Le chantre effacé du réalisme poétique japonais”. Il s’intéresse avant tout aux gens ordinaires, ceux qu’on ne remarque pas. Il est le peintre de la mélancolie et des femmes courageuses et néanmoins fatalistes qui savent le combat contre les aléas de la vie perdu d’avance, ce qui ne les empêche pas de se battre. Les hommes, eux sont décrits comme des lâches, des rustres ou des inadaptés… Son style est subtil et élégant, privilégiant les ellipses temporelles et son écriture est sans emphase, d’une grande sobriété. Ses deux grandes égéries sont Hideko Takamine et Setsuko Hara. Hideko Takamine a joué dans une vingtaine de films du maître dont Tourments, Chronique d’un vagabondage, Quand une femme monte l’escalier. Moins jolie mais plus charismatique, Setsuko Hara illumine de sa présence Le Repas et Le grondement de la montagne. L’éditeur Carlotta a publié un somptueux coffret comprenant quelques-uns de ses meilleurs films, tournés entre 1954 et 1967 : Le grondement de la montagne, Au gré du courant, Quand une femme monte l’escalier, Une femme dans la tourmente, Nuages épars. Lucide sur son pays et son évolution depuis l’après-guerre, Mikio Naruse a entrepris durant toute la carrière de donner la voix aux femmes. Ce sont toujours elles qui font le plus de sacrifices dans ses films et elles n’en ressortent que plus belles et plus fortes.  La plus touchante des scènes qu’il a réalisées est sans doute celle d’une promenade dans Le grondement de la montagne où une femme mal mariée échange quelques mots avec son beau-père, auquel la relie une affection qui dépasse la simple amitié. Un moment sublime où les non-dits et les silences taisent des sentiments qui ne seront jamais révélés.

A lire également, une magnifique biographie : Mikio Naruse, Les temps incertains aux cahiers du cinéma.

Alain Souché

 

 

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