Le magazine féminin des Orléanaises (depuis 2010)

Le grand rush des ruches

Inconcevable autrefois, l’installation des ruches en milieu citadin n’est plus une hérésie. Et pour cause : il y a moins d’insecticide dans l’atmosphère en ville qu’à la campagne. Alors, sur les toits des bâtiments publics, des entreprises, dans les jardins des particuliers, les essaims essaiment. Pourquoi pas bientôt chez vous ?

Tous ceux qui sont installés en ville récoltent assez régulièrement et de manière satisfaisante. »

On en voit encore dans les champs, dans les clairières, mais de là à en avoir chez soi, dans son jardin, quand on habite en agglomération… Eh bien si justement, entretenir une ruche et une colonie d’abeilles est tout à fait concevable en milieu semi-urbain et même urbain, dont les habitants ont d’excellentes raisons de se lancer dans cet élevage très particulier : « Certains sont motivés parce que leur grand-père avait des ruches et à présent, eux aussi ont le temps de s’y mettre, explique Raphaël Willaert, président de l’Abeille olivetaine, structure qui forme les nouveaux apiculteurs. D’autres veulent faire leur propre miel, d’autres encore, plus jeunes, ont un objectif écologique. » Information importante pour les lectrices d’Edith : la moitié des apiculteurs formés par l’Abeille olivetaine (150 personnes depuis 2011) sont des apicultrices, ce qui est plutôt inhabituel dans le monde apicole. En tout cas, l’intérêt pour cette pratique ne diminue pas, au contraire. Raison principale : parce que l’on parle beaucoup des problèmes des abeilles, décimées par les insecticides et le frelon asiatique, et qu’il y a donc une prise de conscience. « Mais ne reprenez pas l’idée selon laquelle si les abeilles disparaissaient, l’homme disparaîtrait aussi, se récrie Raphaël Willaert. C’est faux. Pour faire du blé, vous n’avez pas besoin d’abeilles, donc vous aurez du pain. De l’orge de brasserie pareil, du riz pareil. En revanche, les fruits et légumes seront moins variés. »

Happy culture

Bonne nouvelle : il n’est pas interdit de s’adonner à l’apiculture de loisir quand on ne dispose pas d’un pavillon avec jardin. Les personnes qui résident en appartement peuvent profiter des emplacements de l’Abeille olivetaine (Olivet, Saint-Cyr-en-Val, Châteauneuf, Ardon), ou bien des 35 emplacements mis à la disposition de l’association par des collectivités, des entreprises, ou des particuliers. En dehors de cela, on compte tout de même dix à quinze implantations totalement indépendantes chez des particuliers résidant à Orléans-même (maisons de ville avec jardins). Encore faut-il avoir à proximité des végétaux en nombre pour que les abeilles puissent butiner tranquilles. « Cela peut paraître paradoxal, mais Orléans est un spot intéressant, précise M. Willaert : il y a beaucoup de jardins, de fleurs que leurs propriétaires arrosent. Ce qui signifie qu’il y a production de nectar. Tous ceux qui sont installés en ville récoltent assez régulièrement et de manière satisfaisante. »

Et le coût, pour un particulier ? « Nous faisons des achats groupés. Dès lors, une ruche très bien équipée va coûter 140 €. Il faut aussi acquérir une colonie d’abeilles (15 000 individus et une reine) pour la peupler, soit 150 à 200 € environ. Il faut acheter du matériel de protection, pour 170 €. Si vous voulez faire de la récolte, il faut de quoi assurer l’extraction, mais c’est un lourd investissement. L’intérêt est de mutualiser ce type de matériel qu’un particulier n’utilise que deux ou trois fois dans l’année. Pour ce faire, l’association a créé une miellerie éphémère à Olivet. » Sans oublier les pots, de préférence en verre. Tant qu’à défendre le développement durable, autant être cohérent jusqu’au bout !

Bon voisinage

On peut installer une ruche sans autorisation préalable dès lors que l’on a installé autour une clôture de deux mètres de hauteur. En espérant que le voisin l’accepte ! Cela étant dit, il faut déclarer ses ruches au moins une fois par an à la Direction générale de l’Alimentation (DGAL, ministère de l’Agriculture), entre septembre et fin août de N+1. Cette déclaration concourt à une meilleure connaissance du cheptel apicole français et participe à sa gestion sanitaire, notamment face à la menace que représente le parasite Aethina tumida. Elle permet également d’obtenir des aides européennes dans le cadre du Plan apicole européen qui soutient la réalisation d’actions en faveur de la filière apicole française.

Abeilles en danger

Pour un particulier qui veut juste laisser vivre ses abeilles, il sera demandé de traiter contre le varroa, un acarien mortifère pour la colonie. Sans oublier bien sûr le terrible frelon asiatique, arrivé sur la métropole en 2011. L’an dernier, les colonies ont énormément souffert à cause de ce frelon, un vrai prédateur. Autre danger : la sécheresse. Il n’y a plus d’eau et subséquemment les arbres ne produisent plus de nectar. « Quand on est responsables d’animaux, il faut leur donner tous les éléments qui leur permettent de vivre », rappelle Raphaël Willaert.

www.abeille-olivetaine.fr 

L’abeille comme un étendard

Les ruches installées sur le toit de l’espace Saint-Marc. Une initiative du conseil municipal des jeunes, avec l’aide de la société Cheptel.

Des ruches, il y en a eu sur le toit du centre Commercial place d’Arc (mais elles n’y sont plus), et il y en a encore cité Coligny. Quant au projet porté par le conseil municipal des jeunes, « Orléans fait son miel », c’est une réalité : depuis septembre 2019, cinq ruches sont installées sur le toit d’Orléans Métropole (espace Saint-Marc). Il y a aussi le rucher pédagogique (six ruches), au jardin des plantes depuis 2008 (visitable sur demande pour les écoles, les groupes), d’autres à l’usine d’eau potable du Val. À cet endroit, deux ruches connectées ont été installées par la start-up orléanaise Label Abeille, assurant des gains en temps et en déplacement grâce au suivi de la santé et de la production des abeilles via un smartphone. Romain Roy, adjoint au Développement durable et à la Transition énergétique à Orléans, élu à la Métropole, nous informe que plusieurs projets de réimplantation de ruchers sont en vue : par exemple, une installation au cinéma les Carmes, par Cheptel, qui a conçu les ruchers d’« Orléans fait son miel ». Société qui compte plusieurs clients sur la métropole, des entreprises qui mettent ainsi en place une stratégie RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises)… et œuvrent tout aussi stratégiquement au verdissement de leur communication.

C’est de toute façon un sujet important pour les citoyens, les entreprises, les élus, afin d’éviter d’en arriver à la situation que connaît une région chinoise riche en vergers, mais où il n’y a plus d’abeilles ni papillons et où ce sont les humains qui doivent polliniser à la main !

 

Sébastien Drouet

(Visited 73 times, 1 visits today)
Partager sur facebook
Partager sur email
Partager sur whatsapp
error: Ce contenu est protégé par la propriété intellectuelle des rédacteurs et rédactrices d\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\'Edith Magazine.