Si répondre à la fameuse question des tout-petits « Comment on fait les bébés ? » est délicat, il est nécessaire de comprendre que toute réponse, poétique (les roses et les choux) comme réaliste (la petite graine dans le ventre) représente le premier jalon éducatif de la vie de l’individu qui commence dès l’enfance et se poursuit tout au long de sa vie.
Ambre Blanes
Les prémices
Dès le plus jeune âge et les premières curiosités naturelles, il est recommandé de verser à l’enfant une représentation du monde fidèle. Toutefois, il est préférable d’attendre qu’il pose la question de lui-même. Le mettre en garde lors de la préadolescence des premiers signes de puberté (les règles ou l’éjaculation nocturne) lui permettra de mieux appréhender les changements de son corps et de les accueillir comme étant une chose naturelle, connue et saine.
Les canaux éducatifs
La loi prévoit une éducation à la sexualité à tous les niveaux scolaires depuis 2001. Certes, l’école est en retard sur les rudiments de la contraception et des risques au profit d’une description basique des organes génitaux (le clitoris manque parfois à l’appel !) mais le premier des enseignements à délivrer, à l’école comme à la maison, est la communication. En favorisant le dialogue entre les garçons et les filles et en clarifiant le discours porté sur la sexualité, on favorise chez eux le respect du corps. C’est le rôle de l’adulte, parent ou éducateur, d’informer sans juger, de prévenir sans diaboliser, d’être disposé à écouter ou conseiller sans intervenir tout au long de la jeunesse. La découverte de la sexualité monte en intensité avec l’âge à la façon de préliminaires qui préparent au rapport, d’abord en confrontant sa vision avec celle des autres puis par l’empirisme mais surtout par les médias. D’où l’importance de savoir trier les informations reçues afin de dépasser la fiction stéréotypée.
Les médias
Pierre Simon, sexothérapeute sur Orléans, constate : « L’écrasante majorité des adultes que je rencontre n’a aucune éducation sexuelle ; juste une information portant sur la maladie ou la contraception. Notre époque brille par l’absence de sensibilisation au sexe ». On passe donc le relai aux médias qui détournent régulièrement l’éducation sexuelle autant que l’éducation sentimentale avec la pornographie ou des célébrités over-sexualisées. Pour parer cette déferlante d’images sexistes, de plus en plus de projets préventifs éclosent. Les réseaux sociaux invitent à désacraliser la représentation fictive du sexe au profit d’un sexe réaliste en postant des illustrations comme des témoignages d’expériences forçant le dialogue positif. La chanteuse Angèle parle de consentement dans son dernier clip.
La série Netflix Sex Education est un vrai pavé dans la mare ! Elle aborde intelligemment les questions de virginité, de masturbation, de harcèlement numérique comme l’homophobie ou le racisme.
Adolescent ou adulte, l’éducation sexuelle, ce n’est pas que de la mécanique ou de la prévention : c’est se détacher d’une vision idéaliste de la sexualité, accepter ce qu’elle a de trivial et faire preuve de bienveillance pour explorer le lien qui unit deux individus à travers la sexualité.
Ouvrages de référence
Pour les enfants : Le guide du zizi sexuel de Zep / Pour les adultes : Le vrai sexe de la vraie vie par Cy