Le 27 mars dernier à l’Hôtel du Département, le Master 2 Droit et Management Public Local de l’Université d’Orléans organisait une conférence sur ce thème. Élus et agents territoriaux partageaient les différentes politiques mises en place dans le Loiret.
L’espace public demeure un lieu de discrimination entre les genres alors que l’environnement configure l’approche de tout individu face à cette problématique dès la cour de récréation. Tout est question de représentation : les Immortelles du Panthéon ne sont que 5 depuis l’inhumation de Simone Veil en 2018 contre 76 grands hommes tandis que seuls 19 % des établissements scolaires français (sur 66 000) portent le nom d’une personnalité féminine. Les femmes touchent en moyenne un salaire de 30 % inférieur à celui des hommes, elles sont 70 % à s’occuper en supplément des tâches ménagères et quasiment 100 % à prendre en charge l’éducation des enfants, d’où l’identification d’une charge mentale pesant plus lourd sur leurs épaules : penser dans le même temps et sans arrêt à la gestion du foyer au quotidien, au bien-être des membres de la famille et à ses problématiques professionnelles propres représente une charge cognitive conséquente. Et pourtant, les femmes sont sous-représentées dans l’espace qu’elles occupent tous les jours, qui n’est pas non plus fait pour les mettre le plus à l’aise. ¾ des installations sont majoritairement destinées à intéresser les hommes et l’occupation de l’espace diffère : elles sont davantage en mouvement quand eux stationnent. Sans compter l’insécurité prédominante dans les rues ou plutôt le sentiment d’insécurité. Les femmes s’astreignent à un couvre-feu une fois la nuit tombée, même dans un lieu sûr car il suffit d’une rencontre, parfois proche de son domicile, pour se sentir en danger.
Changer l’environnement pour changer les mentalités
La ville est construite par les hommes et pour les hommes, il y a nécessité de la décloisonner. À ce jour, le département du Loiret compte plusieurs mesures de féminisation de l’espace.
• Des noms de femmes ont été donnés dernièrement à une maison de santé pluridisciplinaire, un amphithéâtre ou un espace communal à La Source.
• Des marches exploratoires de femmes s’organisent pour s’approprier l’espace et identifier d’éventuels changements à opérer (type éclairage) : visualiser le trajet d’une ruelle peut favoriser son emprunt par la suite, rendre un parking accueillant.
• Il est possible depuis février de descendre entre deux arrêts de bus, à partir de 21h ; il suffit d’en faire la demande au conducteur.
• Le travail sur les notions de respect, consentement et confiance se fait dès le plus jeune âge via des actions communales ou des cours de self-défense pour les adultes.
• Les espaces « squattés » par les hommes sont repensés pour profiter à tous : installation d’équipements sportifs mixtes, espaces verts…
• Le plan régional pour l’égalité adopte une communication non genrée et la parité est de plus en plus recherchée dans les cercles décisionnaires.
• La dimension du genre est prise en compte dans le projet éducatif avec la redistribution des espaces au sol (équilibrer l’espace des terrains de foot et l’espace pour les marelles par exemple ou miser sur des couleurs mixtes) ou la communication du personnel (ne plus dire à un papa « vous direz à votre femme de… »). Aussi, la loi du 3 août 2018 renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes incite à proposer davantage d’activités (extra-)scolaires non genrées pour faciliter l’intégration puisque proposer une activité intégrant davantage les filles, revient à miser sur une activité plus féminine, renforçant par là le stéréotype.
Comme l’a dit Olivier Branchoux, référent égalité à la mairie Saint-Jean-de-Braye : « Si tout petit on apprend à dominer un espace, alors une fois adulte on reproduit cette domination ». Remplaçons maintenant le verbe dominer par partager !
Vocab’utile
Ne pas confondre égal et identique ! L’égalité bénéficie à tous, ce n’est pas le combat des unes contre les uns.
Ambre Blanes