C’est une question d’actualité à laquelle Aline Mériau, dirigeante d’une entreprise d’électricité et présidente de la Fédération Française du Bâtiment du Loiret, répond.
Y a-t-il des métiers masculins et d’autres féminins ?
Il ne faut pas qu’il y ait un sexe dans un métier. Par exemple, le mot « sage-femme » ne devrait pas exister. Tout doit être possible et dans les deux sens.
Travailler dans un « métier d’homme », était– ce un rêve de petite fille ?
La création d’une entreprise du bâtiment est un choix volontaire. Mes parents travaillaient dans le secteur et j’y ai moi-même travaillé. Puis la société a été vendue. Par la suite, en 1998, j’ai monté mon entreprise d’électricité générale avec un des chargés d’affaires de la société de mon père. De mon côté, j’avais une formation de comptable. Je suis convaincue que c’est la synergie des compétences qui fait la réussite. Aujourd’hui, l’entreprise compte 22 personnes et, cette année, nous fêterons nos 15 ans.
Est–ce difficile d’exercer dans ce secteur habituellement plus masculin ?
Je ne me suis jamais posé la question. Tous les métiers sont accessibles, il n’y a pas de métiers interdits aux femmes. C’est en créant mon entreprise que j’ai découvert qu’être cogérante d’une structure n’était pas courant.
Une fois qu’on a fait ses preuves, montré ses compétences, il n’y a pas plus de difficultés pour se faire accepter. Finalement, je me suis toujours battue pour ce point de vue.
Quelle est votre touche féminine ?
Être « une femme dans un métier d’homme », c’est une approche, une conception de l’entreprise différente. Je suis plus à l’écoute des salariés. En les aidant, ils ont l’esprit plus libre pour travailler. Par ailleurs, je tisse beaucoup de liens avec la mission locale ; l’insertion des jeunes est la marque de fabrique de notre entreprise. Nous avons été distingués par les Trophées de l’entreprise dans la catégorie « Ressources humaines ». J’ai une réelle volonté d’accompagnement, de formation, de qualification. En tant que femme, j’ai sans doute plus cette sensibilité.
Avez-vous un souhait ?
Les métiers de l’électricité font peur aux jeunes femmes. Même si par ailleurs les jeunes filles sont plutôt douées en sciences, au CFA, il n’y a jamais eu une fille en électricité. Donc, j’ai prévenu : s’il y en a une qui intègre la filière, celle-là, on me la garde pour qu’elle fasse son apprentissage dans mon entreprise !