Indissociables d’Orléans, ces boutiques indépendantes ont réussi à traverser les années sans perdre leur âme. Début de notre série avec la librairie Les Temps modernes. sébastien drouet
En 1964, Catherine Martin-Zay fondait Les Temps Modernes en prenant appui sur la société de son grand-père, Léon, père de Jean Zay et rédacteur en chef du journal Le Progrès du Loiret, basé rue des Carmes. Le mobilier de l’établissement fut dessiné par un prof des Beaux-arts d’Orléans et façonné par des artisans de la région. On ne peut guère faire plus local ni plus familial ! Surtout si l’on ajoute qu’en 1997, Sophie Todescano est venue prêter main forte à sa mère et à son frère Jérôme avant de prendre la gérance – Catherine continue cependant de venir régulièrement.
Au-delà d’un commerce où les jours d’ouverture et le numéro de téléphone sont restés les mêmes depuis le début, la librairie Les Temps Modernes est un lieu d’échanges, où les idées se confrontent et où les auteurs rencontrent leurs lecteurs. En 1964, c’était rare. « C’était unique, très moderne, déclare Sophie. Les premières rencontres se sont déroulées trois semaines après l’ouverture, avec Violette Leduc, révélée par Simone de Beauvoir, et Albertine Sarrazin, auteure de l’Astragale. » Vilar et Mendès-France feront aussi le déplacement. « Les clients étaient en attente de cela. Nous continuons d’inviter des gens. La sociologie, la philosophie, les sciences sociales sont des disciplines que nous suivons toujours, ainsi que l’actualité. Mais les livres politiques qui paraissent aujourd’hui sont devenus formatés. » Les temps changent… et Orléans aussi : la librairie est au cœur d’un quartier en pleine évolution. Fort de la présence des Temps Modernes et du cinéma d’art et d’essai voisin, il y règne cependant un certain esprit de résistance à l’uniformité.
57 rue Notre Dame de Recouvrance