Comme 34 autres jeunes scientifiques, Lesly-Ann Daniel, chercheuse originaire d’Orléans (où elle revient parfois), s’est vu décerner, parmi 700 prétendantes, le prix jeunes talents L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science*. Dans son domaine, l’informatique, les filles sont encore trop rares !
Son domaine de recherche
La jeune femme de 25 ans, en dernière année de thèse (doctorat d’informatique) dans un laboratoire du Commissariat à l’Énergie Atomique et aux Énergies Alternatives (CEA), à Palaiseau, effectue des recherches dans le domaine de la sécurité informatique : « Je travaille sur des outils destinés à détecter les failles de sécurité dans les logiciels, en particulier dans les logiciels cryptographiques, ceux que l’on utilise tous les jours pour sécuriser nos communications Internet ou chiffrer nos données. » Un domaine éminemment sensible : « Je m’intéresse plus précisément à un certain type d’attaques qui exploitent le temps que met un programme pour traiter des informations. » Lesly-Ann se verrait bien occuper un poste d’enseignante-chercheuse par la suite, mais où ? Tout est possible, y compris à l’étranger. En Europe toutefois.
Pourquoi l’informatique ?
Lesly-Ann, scientifique dans l’âme, ne se destinait pas spécialement à embrasser une carrière dans l’informatique ; c’est un monde qu’elle a découvert quand elle est arrivée en licence (elle en avait fait un petit peu au lycée et avait joué aux jeux vidéo, mais cela n’a rien à voir !). « J’étais entrée en fac de sciences, à Limoges (j’avais envie de quitter Orléans, de m’émanciper !) parce que je ne savais pas trop quoi faire après le lycée, c’était la continuité de la terminale S. L’informatique m’a intéressée car on peut lancer un programme immédiatement sur l’ordinateur et vérifier s’il marche ou non. C’est une discipline qui fonctionne par projets ; les profs nous donnent des projets à faire. Il y a une liberté que l’on ne trouve pas dans les autres sciences. »
Un monde masculin
Les femmes sont sous-représentées dans l’informatique, pour une raison qui nous échappe ; d’ailleurs, auparavant, cette filière n’était pas spécialement trustée par les hommes : « Quand c’est devenu à la mode, on a construit des stéréotypes qui empêchent les femmes de se lancer dans les carrières informatiques. Je les invite à s’y intéresser, c’est créatif, et cela permet de mieux comprendre le monde. » Au collège (Jeanne d’Arc) et au lycée (Charles-Péguy), déjà, on n’encourageait pas les filles, se souvient Lesly-Ann. En licence, elles étaient deux filles sur une trentaine d’étudiants. Cela étant dit, à son niveau, elle ne relève aucune discrimination.
*« Récompensée pour son parcours émérite et ses travaux brillants, elle recevra une bourse de recherche d’un montant de 15 000 euros et bénéficiera d’un programme de formation au leadership, complémentaire à son parcours scientifique, afin d’avoir les moyens de briser plus facilement le plafond de verre », nous informe la Fondation L’Oréal.
Sébastien Drouet