Ça y est, c’est l’heure d’été depuis le 31 mars. à 2 heures du matin, en plein sommeil, nous avons pris notre élan, nous avons sauté 1 heure pour atterrir ipso facto à 3 heures.
Aujourd’hui encore, je regrette de n’avoir pas fait sonner le réveil pour constater l’évènement. Et peut-être même le fêter malgré cette heure fortement matinale. Quoiqu’il en soit, il me reste jusqu’à l’automne pour en profiter et me féliciter des « heures sup » à effectuer par le roi des astres. En plus, il est même question depuis cette année, de cesser cette gymnastique nocturne pour abroger le changement d’heure. Pour ma part, je suis un inconditionnel de cette période qui offre ce coup de pouce aux jours qui s’étirent. Je suis un inconditionnel de la percée de la végétation synchronisée avec la percée des terrasses de café. Je suis satisfait après une journée taffée de profiter d’un début de soirée chômé et éclairé de surcroît. Je suis un aficionado des repas en plein air qui se laissent enlacer par les parenthèses de la nuit. Je suis, ainsi que mon chien, admiratif des sportifs qui profitent de cette prolongation pour pratiquer leur discipline. Bref comme 60 % des Français je suis pour l’heure d’été à vie. Alors pourquoi attendre 2021 ?
Le hic c’est qu’il faut convaincre les 40 % restants qui objectent que l’horloge chronobiologique est plus proche de l’heure d’hiver. Que l’heure d’été est plus énergivore, produit plus de CO2 favorisant ainsi le réchauffement climatique. Que les métiers d’extérieur ont besoin d’une lumière du matin en cohérence avec leur créneau horaire d’action. Que la tombée de la nuit favorise une sécrétion d’hormones nécessaire à un sommeil de qualité… Bon l’affaire est loin d’être entendue. Il faut en plus que les états voisins soient alignés sur la décision finale, que les pays frontaliers ne subissent pas un décalage de plein fouet. Laisser à chacun le libre arbitre de son heure serait un idéal exempt de toute frustration.
Comme 60 % des Français je suis pour l’heure d’été à vie.
À condition toutefois de prendre quelques précautions : distinguer dans son cercle d’amis quels sont les estivaux et les hivernaux sous peine d’arriver en retard ou pire encore, en avance à l’anniversaire de Charlotte. Identifier lors de sa recherche d’emploi dans quels créneaux horaires vont s’exercer les 35 h, car arriver avec 1 h de retard le premier jour fait toujours mauvais effet. Sur les rencarts amoureux, prendre garde de bien tester le camp de sa future conquête car l’heure du rating ne souffre aucun décalage. Pour les déplacements, choisir avec précision ses prestataires ferroviaires, même si, on le sait, ces prestataires se foutent éperdument de la ponctualité. Pour avancer dans la vie, ne plus faire le choix d’une école, d’un parcours, privé ou public mais se référer à la seule progression de la trotteuse de l’horloge. La liberté nécessaire à chacun ne pourra s’exercer que sous la menace d’un « jet lag » permanent.
Il va falloir beaucoup de créativité à nos dirigeants pour éviter d’opposer le désordre à la frustation, alors il me vient une idée, si une incompréhension,un malentendu, une rupture naissait de ce décalage, il faudrait simplement se réunir et régler tous les litiges une fois par an, alors pourquoi pas le dernier dimanche de mars entre 2 heures et 3 heures du matin ?