Installée depuis plusieurs dizaines d’années, Lise, maman de deux ados, est chef d’entreprise. Fondue de chocolat, elle a créé à Genève le premier Salon des Chocolatiers, et organise de nombreux événements autour du CACAO. Elle nous raconte son confinement.
Quand et dans quelles circonstances a commencé le confinement pour vous à Genève ?
Avec l’Italie juste à côté de notre frontière sud, nous avons été alertés assez tôt en février, mais la prise de conscience s’est un peu fait attendre. Le coronavirus est arrivé en Suisse fin février dans le Tessin, puis dans le canton de Vaud, Genève. La Suisse étant une confédération, les cantons ont réagi d’abord là où les cas se sont déclarés, si bien que le confinement n’a pas été tout de suite uniforme dans toute la Suisse. On a assisté à une cascade de déclarations restrictives au jour le jour en fonction de l’avancée de l’épidémie. Aujourd’hui, les regroupements ne peuvent pas dépasser cinq personnes, en respectant une distance de deux mètres. Les Suisses sont en général prévoyants, organisés, et assez disciplinés. Le confinement n’est pas total, la confédération fait appel à la responsabilité des citoyens. Genève est en semi-confinement depuis le 15 mars. Pour ma part, je continue à courir, à faire du vélo et mes courses, tout cela est autorisé.
Quelles sont les recommandations sanitaires ?
Stay at home ! Les mêmes consignes qu’en France, si ce n’est la distance, qui est de deux mètres entre chaque personne et pas de groupe de plus de cinq personnes. Le port du masque est obligatoire pour les personnes positives au Covid, même si nous avons très vite manqué de masques en pharmacie. Mais, depuis le 7 avril, nous avons bénéficié d’un arrivage de plus de deux millions de masques venus de Chine. Depuis plusieurs années, la Chambre Économique de Genève a tissé des liens étroits avec ce pays, ce qui a probablement facilité cette livraison.
Comment se porte le système de santé à Genève ?
Plus de la moitié du personnel soignant habite en France, de l’autre côté de la frontière. Si les salaires des soignants restent très moyens pour les Genevois (en rapport avec le coût de la vie), ils sont plus intéressants pour les Français. Donc, avec la fermeture des frontières, les débuts ont été difficiles, maintenant je crois que ça va mieux. On parle d’une pénurie de médicaments qui pourrait survenir, mais cela est très controversé.
Ici, nous n’avons pas besoin d’attestation de sortie.
Comment organisez-vous votre quotidien ?
Ici, nous n’avons pas besoin d’attestation de sortie, le civisme et le respect des règles sont naturels pour les Suisses. Je fais les courses une à deux fois par semaine, seule et rapidement en respectant les consignes. Tous les magasins sont équipés de gel hydroalcoolique, les caissières sont protégées avec des vitres en plexiglas, et portent des gants…
Il faut faire la queue pour entrer dans les magasins alimentaires, pas plus de 30 ou 50 personnes à la fois (cela dépend de la surface du magasin). Ce qui est le plus difficile, c’est que je n’ai plus aucune vie sociale, mais je communique beaucoup par Skype, j’ai même fait un cours de yoga à distance avec une de mes amies.
Comment se passent les études de vos enfants ?
Au départ, il y avait peu de suivi, mais maintenant, ça va un peu mieux, en fait ça dépend des profs. Les enfants sont contents, et de moins en moins motivés à étudier… c’est un peu la galère. Nous n’avons pas encore d’informations sur les dates des examens, ni la reprise des cours, certains pensent que les élèves ne reprendront pas l’école avant la rentrée prochaine, d’autres parlent du 15 avril, ce qui me semble impensable.
Économiquement, comment les entreprises font-elles face ?
Les mesures pour les entreprises sont similaires à celles de la France : télétravail, chômage partiel, et aides sont mises en place pour soutenir les entrepreneurs. Pour ma part, il va falloir que je revoie mes concepts de rallyes du chocolat, qui réunissaient plus de 2 000 particuliers ! À l’avenir, cela ne me semble pas envisageable, je vais probablement travailler sur des projets avec des petits groupes en direction des entreprises. Tout reste à reconstruire.
Comment sont soutenues les entreprises et les indépendants ?
https://www.ge.ch/covid-19-se-proteger-etre-aide/soutiens-financiers-autres-aides
Propos recueillis par Marie-Zélie Cupillard