DU COURS FLORENT À SA CARRIÈRE D’ANIMATEUR DE RADIO ET DE COMÉDIEN, LOÏC ROJOUAN A SU IMPOSER SA VOIX, SA PERSONNALITÉ ET SON SOUFFLE.
Le rire c’est la politesse du désespoir ». Loïc Rojouan est un comédien qui assume son côté sombre. Le rire est pourtant le parti qu’il a pris dès son plus jeune âge ; « En arrivant à Bordeaux, j’étais un petit plouc dans un collège huppé, faire le clown m’a permis de me faire des copains, de séduire des filles ». Le déclic, il l’a dans ces mêmes années adolescentes, en regardant Les uns les autres un film de Claude Lelouch « avec une pléiade de comédiens magnifiques », qui montre la guerre par le biais du spectacle et du cabaret. Inscrit au cours Florent, il monte sur les planches pour la première fois à 17 ans, devant 200 personnes dans Du cerfeuil dans les oreilles ; « J’ai pu avoir l’illusion que c’est un métier facile » s’amuse-t-il aujourd’hui. C’est aussi à ce moment-là qu’il commence à courir les castings de voix. Son BTS de stylisme modélisme sera un plus dans sa carrière « J’attache beaucoup d’importance aux costumes et aux décors » qui se partage désormais entre théâtre et radio. Pendant 16 ans, il gravit les échelons, jusqu’à devenir directeur d’antenne ; « Le théâtre m’a permis d’apporter de la vie à la radio, dans des émissions pourtant très formatées. J’aime jouer avec la contrainte ». Il continue par ailleurs à répéter, à jouer et se met même à écrire ses propres pièces, jusqu’à ce que l’envie de n’être que comédien soit trop forte. « C’était une décision radicale, convient-il, pourtant j’étais très serein, c’est chouette le vertige ! ». Sa rencontre avec Xavier Viton qui a accueilli 4 de ses spectacles a été un gros booster « Grâce à ses encouragements, je suis passé à la mise en scène, au conseil artistique ». Jusqu’à lancer son propre cours -des Augustins au théâtre Victoire- et à faire quelques incursions au cinéma et à la télé. Aujourd’hui, c’est une comédie « gaillarde » et sentimentale qu’il répète grâce au beau rôle offert par Fred Nony dans Soif ; « C’est un jeu plus sensible, plus naturel et sincère ». Lui qui est un grand admirateur de Nancy Huston et de Xavier Dolan lutte contre la catégorisation « Il y a des lieux où je n’irai même pas frapper » déplore-t-il. Pourtant, jouer la comédie n’est pas si facile : « C’est une question de rythme, tout est basé sur la surprise ». Sa famille, elle, est toujours là pour le soutenir : « Ma femme n’est pas du style à m’aduler, elle m’a permis de garder les pieds sur terre ». Car un acteur est toujours renvoyé à son image et doit apprendre à gérer son égo ; « Il faut lâcher, se donner en pâture, accepter le ridicule. Le rire m’a sauvé . »
A Bordeaux, il aime :
Prendre un verre seul à la terrasse d’un vieux café comme Les 4 sœurs ou Le Français : « J’observe les comportements, les attitudes, j’écoute les bruits… Je m’en sers dans mes imitations.
Il n’aime pas :
Le côté suffisant de la ville qui se regarde beaucoup, cette autosatisfaction actuelle, « 1re des palmarès », « celle où les cadres voudraient vivre » !
Bio Express
1969 : Naissance à Vannes
1986 : Cours Florent à Bordeaux
1992 : Olé 1er spectacle écrit avec Vincent Roger
2007 : La biscotte débute sa collaboration avec Xavier Viton
JUILLET-AOÛT 2016 : Soif au théâtre L’Inox