Étudiante en marketing à l’université d’Orléans, Mahault s’est installée à Séoul, le 17 novembre dernier, pour une année de césure. Malgré les événements, elle a décidé de rester en Corée du Sud. Elle nous dit tout sur son quotidien.
Mahault rêvait du Japon pour une année de break. Finalement, elle a choisi Séoul parce que le coût de la vie est plus accessible et qu’une de ses amies étudiantes lui a donné tous les bons plans pour se loger et découvrir le pays. La Corée du Sud compte 56 millions d’habitants, et 70 % de la population vit à Séoul. Installée en colocation, Mahault réside dans le quartier international et populaire d’Itaewon. Elle apprécie la vie nocturne de son quartier à proximité des bars, clubs et karaokés. La jeune fille découvre la culture coréenne et ses codes : « Les Coréens sont réservés, il n’y a pas de contact physique, chacun garde ses distances. Cela peut sembler un peu froid, mais c’est culturel. »
Comment tout a commencé ?
Fin janvier, elle apprend que le coronavirus frappe la Chine, mais ici rien d’inquiétant, un ou deux cas, puis une quinzaine. L’origine est très vite identifiée. « En Corée, Il y a beaucoup de mini-sectes sur le territoire. Lors d’une réunion où le port du masque était interdit, par croyance, une femme a contracté le virus (au sud de Séoul), mais a décidé de ne pas se soigner : le principe étant de s’en remettre à Dieu ! »
J’ai décidé de rester… Je me sens plus en sécurité à Séoul qu’à Orléans
L’état d’urgence est déclaré mais pas de confinement
Fin février, tout s’accélère avec 3 000 cas, l’état d’urgence est décrété. Le port du masque (modèle KF94, une vraie barrière au virus) est obligatoire pour tous dans tous les lieux publics. « Je me procure facilement des masques en pharmacie pour moins de 3€ pièce et j’en change chaque jour. » Les musées, les clubs de sport sont immédiatement fermés, ainsi que les écoles et les universités qui dispensent des cours en ligne. Mais les transports et les magasins restent ouverts, des gels hydroalcooliques sont mis gratuitement à disposition. « Il n’y a pas eu d’hystérie dans les supermarchés donc pas de pénurie. Pour les masques, le gouvernement rationne la distribution pour que tout le monde en ait. » Quant aux administrations, elles restent ouvertes et accueillent le public avec un système de contrôle de la température par caméra thermique. Plus étonnant, les discothèques restent ouvertes avec également un contrôle de la température dans l’oreille, par un vigile. De nombreux points pour se faire tester sont répartis dans toute la ville. « J’ai décidé de rester car je trouve qu’ici tout est bien géré, je me sens plus en sécurité à Séoul qu’à Orléans. » Ici, de nombreux tests de dépistage sont effectués, 60 000 par jour et il y a très peu de décès : 90 à la mi-mars.
Une gestion digitale de l’épidémie
« Les autorités sont proactives, les Coréens sont très connectés et s’informent via les réseaux sociaux et les applis de géolocalisation », explique Mahault. Par ailleurs, elle reçoit quotidiennement, directement sur son smartphone, plusieurs messages d’alerte des autorités et un rappel des consignes de sécurité. Une carte interactive permet de géolocaliser les cas quartier par quartier et de rappeler les consignes de sécurité et les gestes barrières. Si les grands événements sont annulés, les rues, bien que moins fréquentées, ne sont pas désertes. Certaines personnes se sont confinées par choix. Mahault continue de découvrir le pays, elle est partie récemment visiter une île au large de Séoul. Sans confinement, la Corée du Sud peut-elle être considérée comme un modèle ? En France, serions-nous prêts à sacrifier nos libertés individuelles en acceptant un « tracking » numérique ?
Propos recueillis par Marie-Zélie Cupillard