Reconversion professionnelle, formation continue… Toutes motivées !
Reprendre des études après 30 ans n’est plus une exception : les personnes en formation continue sont légion, tandis que celles qui changent de métier et retournent sur les bancs de l’école forment un groupe de plus en plus important. Or, à partir d’un certain âge, ce ne sont plus les parents qu’il faut convaincre de son choix, mais une compagne, un compagnon, des enfants parfois.. Toute la famille est concernée !
La législation le permet, les chiffres le prouvent : l’enseignement supérieur n’est pas seulement réservé aux teenagers tout juste sortis du lycée, baccalauréat en poche. Ainsi, 9 % des inscrits dans les filières post-bac ont plus de 30 ans. Sans forcément aller jusqu’à franchir les portes de l’Université ou tenter de décrocher un BTS, celles et ceux qui souhaitent tout simplement compléter leurs compétences professionnelles, que ce soit en cours du soir, par correspondance, en formation continue, etc., doivent pouvoir trouver la formation de leurs rêves.
Pourquoi se former ?
Deux raisons principales poussent les plus que trentenaires à retourner à l’école :
- Pour compléter la formation initiale tout d’abord, afin de se mettre au diapason des évolutions technologiques du métier. Il s’agit là de formations complémentaires courtes dans un domaine précis, suivies dans le cadre d’un Compte Personnel de Formation (CPF), ou dans celui du plan de formation de l’entreprise.
- Pour changer de métier. Mais il faut alors tout réapprendre, ce qui est plus long, et demande donc de la réflexion, ainsi que de réelles capacités à argumenter en cas de recherche de financement.
Plusieurs possibilités existent pour se former en tant que salarié :
- Plan de Formation de l’Entreprise : les actions de formation sont décidées par l’employeur en fonction de ses besoins. La Validation des Acquis par l’Expérience (VAE) et le bilan de compétences sont concernés par ce dispositif.
- Périodes de professionnalisation : elles sont destinées à assurer le maintien dans l’emploi des salariés en CDI et des agents de la Fonction publique.
- Compte Personnel de Formation (ancien DIF) : il concerne tous les actifs dès 16 ans. Le principe, en gros : on choisit dans un catalogue une formation obligatoirement qualifiante. À noter : les temps de formation se cumulent même en cas de changement d’employeur ou de carrière.
- Congé Individuel de Formation (CIF) : le salarié s’absente de son entreprise pour suivre une formation de son choix, de sa propre initiative, à titre personnel et sur son temps de travail. Il perçoit son salaire (tout ou partie) et retrouve son emploi à l’issue.
Pour trouver le dispositif adéquat pendant une période de chômage, le guichet unique de Pôle Emploi est l’interlocuteur privilégié. C’est là que l’on trouve une aide bienvenue pour monter son dossier… et pour se faire rémunérer pendant la formation.
Quelles motivations chez les femmes ?
Arrivées à la quarantaine, une fois la maison payée, les enfants élevés, les femmes peuvent faire enfin ce dont elles avaient toujours rêvé : « M’engager dans des études supérieures, c’était écouter la voix de la raison. Ce que je fais aujourd’hui, c’est répondre à la voix de la passion », nous a dit une interlocutrice au cours de nos recherches… C’est parfois – souvent – la voix des parents que l’on entend à 18 ans, des parents qui ont peur que leur enfant ne se retrouve sur une voie de garage. Puis un jour, quand notre vie nous appartient à 100 %, une fois réglée cette « dette » morale, on se lance. « J’avais envie de faire autre chose, et de le faire avant qu’il ne soit trop tard… », nous a déclaré une autre personne.
« La reprise d’études peut ou non aller à contre-courant de certaines trajectoires : rattrapage d’ “erreur de jeunesse” ou revanche contre une sélection sociale vécue comme une injustice par exemple, écrit Claude Zaidman*. Or, pour les femmes, le recours à la formation est une tentative pour échapper à l’assignation aux différentes places et fonctions déterminées par la division sociale et sexuelle du travail dans la vie familiale comme dans la vie professionnelle. »
Quelles contraintes ?
Si vous envisagez de retourner sur les bancs de l’école, quelle que soit votre décision, il s’agit de bien définir votre projet professionnel : quel métier la formation me permettra-t-elle de faire ? Est-il compatible avec mon caractère, mes goûts ? Est-ce réaliste ? Quels débouchés ? Pour y répondre, un bilan de compétences, dans le cadre du CPF quand on est salarié, avec Pôle Emploi ou le CIBC en cas de chômage, peut se présenter comme une étape cruciale. Mais il s’agit aussi de calculer les conséquences d’une reprise d’études sur votre entourage. Posez-vous les bonnes questions : le conjoint est-il d’accord ? La famille acceptera-t-elle de faire des sacrifices ? Aurez-vous l’énergie, le temps, la capacité à passer les obstacles ? Une fois ces questions posées et réglées… posez-vous en d’autres ! La formation recherchée m’est-elle accessible, autrement dit, ai-je les diplômes requis ? Combien de temps durera-t-elle ? Est-elle géographiquement proche ? Quel moyen de transport utiliser ? Quels horaires ? Y aura-t-il beaucoup de travail personnel ? etc
Quelle formation ?
Il faut trouver la bonne, celle qui permettra d’aboutir au projet.
Si les organismes préparant à des formations diplômantes ou qualifiantes sont nombreux, attention, tous ne sont pas sérieux. Il faut donc bien prendre le temps de choisir une prestation de qualité et le diplôme reconnu de la formation visée. Parmi les plus grands réseaux, citons le Greta (ministère de l’Education nationale, 500 000 stagiaires par an, 265 lieux de formation), qui prépare les candidats du CAP au BTS, mais aussi l’Afpa, premier organisme de formation qualifiante pour adulte, les CCI, les Cnam (arts et métiers), ou encore l’enseignement à distance, qui suppose, pour réussir, une organisation et une motivation à toute épreuve.
Si vous envisagez un diplôme universitaire – possible même si on n’a pas le bac grâce au DAEU –, vous ne pourrez probablement pas vous faire financer trois ans d’études… Optez pour une licence pro ou un master 2 en un an. Ou bien la VAE pour certains diplômes. Au chapitre « organisation », rappelons que les BTS ou les DUT peuvent être préparés en cours du soir, ou le samedi : 20 % des BTS sont obtenus dans le cadre de la formation continue.
*Crise d’identité et position sociale. Les femmes en reprise d’études, Les cahiers du Cedref.
Témoignages
Laure Malécot // 41 ans – 3 enfants // « Devenir notaire »
“Après la naissance de Léon, mon petit 3e, il y a 2 ans, je me suis dit que ce serait mon dernier enfant, et il m’a donc fallu immédiatement un challenge, c’est ma façon de vivre. Je me suis alors fixé comme objectif d’obtenir mon diplôme de notaire, moi qui suis clerc depuis plus de 15 ans. Alors j’ai repris le chemin de l’école, direction Paris un samedi par mois. Retourner en cours n’a pas été si difficile : il fallait rendre deux devoirs par mois (dissertations et cas pratiques). Point de vue organisation, je m’occupais en priorité de mes enfants, aidée et soutenue par mon mari. Je profitais de leurs siestes pour travailler, très tôt le matin ou tard le soir. Et cela pendant 2 ans ! Je présente mon examen fin septembre, on croise les doigts ! J’ai retrouvé la soif d’apprendre, cela m’a permis de rompre la routine du travail quotidien. J’ai rencontré d’autres professionnels avec qui j’ai pu échanger. C’est enrichissant et équilibrant.”
Valérie Girard // 45 ans – 2 enfants // « Responsable com’ »
“À l’AFPA, dont je suis directrice des services et des moyens généraux, un poste de responsable de la communication s’est libéré. Je me suis proposée pour le reprendre, en plus de mes fonctions actuelles, moyennant une formation, que j’ai faite au CFPJ (Centre de Formation des Professionnels du Journalisme) à Paris. À raison de 3 jours par mois, de janvier à juillet de l’année dernière. Une super expérience, autant à titre professionnel qu’à titre personnel. À plus de 40 ans, je me suis retrouvée dans la peau d’une étudiante, dans le petit appartement familial où j’avais fait mes études 20 ans auparavant. Je sortais le soir, c’était mon moment à moi que je savourais ! Et je savais qu’à la maison, tout se passait bien : avant de partir, je préparais les sacs des enfants, je collais des post-it partout, tout était organisé. Mon mari a été extra. Et j’ai bien compris qu’ils appréciaient de se retrouver entre hommes !”